En République démocratique du Congo (RDC), une nouvelle étude met à nouveau en cause le secteur extractif, pointant des pratiques de corruption et de fraude autour du méga-projet minier Mutanda Mining, situé dans la province du Lualaba. C’est ce qu’a révélé, ce jeudi 31 juillet 2025, la coalition Congo n’est pas à vendre (CNPAV).
Des pertes colossales pour la Gécamines et l’État congolais
Lors d’une présentation à Kolwezi, Dirk Shaka, coordonnateur de la coalition, a dénoncé la perte de centaines de millions de dollars imputables à des cessions d’actifs miniers entachées d’irrégularités.
« La Gécamines n’a reçu qu’environ 250 millions USD pour la cession de ses actifs dans les projets Mutanda et Kansuki, tandis que d’autres acteurs ont tiré près de 2 milliards USD de leur revente », affirme l’étude.
« La cession des royalties de ce projet pourrait également priver l’État de plus de 600 millions USD de revenus d’ici 2039.»
Des transactions opaques via des sociétés offshore
Les transactions en cause se sont déroulées entre 2007 et 2015, dans un contexte d’opacité, sans évaluation préalable des actifs ni appel d’offres public — en contradiction directe avec les conclusions de la Commission de revisitation des contrats miniers de 2009.
L’étude évoque l’implication de proches collaborateurs de l’ancien président Joseph Kabila et de plusieurs entités offshore, notamment Samref, Rowny Asset et Biko Invest, toutes liées à Dan Gertler. Elle cite également des groupes bien établis comme Glencore, Bazano et HGR.
Le projet Mutanda Mining en question
Mutanda Mining est l’un des plus grands projets miniers de la RDC. Il est majoritairement contrôlé par le géant suisse Glencore, à travers sa filiale éponyme. Le site est spécialisé dans l’exploitation du cobalt et du cuivre, deux ressources stratégiques au niveau mondial.
Glencore a fait l’objet d’enquêtes et de poursuites dans plusieurs pays pour des faits de corruption liés à ses opérations congolaises. En réponse à ces controverses, et sous pression de la société civile, le gouvernement congolais a signé en 2022 deux accords à l’amiable : l’un avec Ventora, société de Dan Gertler, et l’autre avec Glencore.
Malgré ces accords, CNPAV déplore l’absence d’évaluations rigoureuses, estimant que ces arrangements ont validé des transactions jugées illégales, sans garantir une compensation équitable pour la population congolaise.
CNPAV réclame justice et transparence
Face à ces manquements, la coalition appelle les autorités congolaises à :
- Lancer une évaluation indépendante et systématique de toutes les transactions liées au projet Mutanda ;
- Prendre des mesures correctives pour assurer la justice et protéger les intérêts économiques nationaux ;
- Renforcer les mécanismes de redevabilité dans le secteur minier.
Daniel Bawuna