En mai dernier, la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi – appartenant à la Première dame de la République démocratique du Congo – recevait environ 300.000 dollars américains à titre d’assistance humanitaire aux sinistrés de Kalehe dans la province du Sud-Kivu, de la part de la Sino-congolaise des mines (SICOMINES S.A).
« Au total, il s’agit d’une cargaison de 81 tonnes composée de plusieurs produits, notamment, des sacs de riz, sacs de semoules, bidons d’huile, boîtes de conserve, savons et des vêtements », indiquait l’administrateur du territoire de Kalehe, Thomas Bakenga, qui a reçu officiellement ce don.
Selon les informations de MINES.CD, sur place, cette assistance financée par la SICOMINES, avait été remise par la délégation de la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi avec à sa tête son coordonnateur, Joël Makubikua, mais également en présence de l’administrateur du territoire de Kalehe, du chef du village de Nyamukubi et Bushushu ainsi que plusieurs notables de ces localités.
« C’est pour accompagner la fondation dans l’action de la prise en charge de l’intervention humanitaire que nous avons déjà commencée au niveau du Sud-Kivu. Avec ce don de 300.000 dollars américains que nous venons de recevoir de la SICOMINES nous espérons pouvoir renforcer cette aide auprès des victimes », expliquait Joël Mukubikwa, après la cérémonie de remise de l’enveloppe.
Cerise sur le gâteau, cette cérémonie avait été honorée par la présence de la Première dame de la République démocratique du Congo, Denise Nyakeru Tshisekedi, qui, lors de sa prise de parole avait exprimé sa gratitude à la SICOMINES pour ce don, tout en soulignant « son importance aux besoins de cette population touchée du Sud-Kivu ».
Forte discrétion autour de la communication
Officiellement, la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi était dotée de cette importante somme dans l’objectif d’assister les populations du territoire de Kalehe, victimes des inondations ayant causé des centaines de morts le 04 mai 2023. Mais seulement, toute la communication autour de la transaction d’argent a été floutée.
En effet, la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi a délibérément géré de manière stricte la communication autour de cette transaction de 300.000 dollars américains, afin d’éviter de faire fuiter l’information, mais également pour faire en sorte qu’elle reste la plus discrète possible.
Pour preuve, la Fondation elle-même n’a jamais fait mention de cette transaction de la SICOMINES dans toutes ses communications depuis mai dernier. Certains médias qui ont été contactés par la SICOMINES pour publier une information sur le sujet ont été obligés de faire du rétropédalage. A titre d’exemple figure, Actualite.cd, qui a été contrainte de supprimer son article du 23 mai 2023, relatif à la communication de la SICOMINES sur ladite transaction.
« Actualite.cd avait bel et bien publié cette communication écrite par la SICOMINES, qui avait donné 300.000 USD à la Fondation de l’épouse du Chef de l’Etat. C’est SICOMINES qui voulait assurer sa visibilité. Après, la même SICOMINES a dit que la Fondation n’était pas contente de cette communication et qu’elle avait demandé de faire dépublier la communication. Ce qui a été fait. Et c’est comme ça que dans leurs textes, les chinois aussi ne donnent pas les chiffres », expliquait une source interne du média cité par Rodriguez Katsuva.
Une transaction dans un contexte particulier
La transaction de la somme de 300.000 dollars américains à la Fondation de la Première dame congolaise est intervenue seulement trois mois, après que la SICOMINES ait été accusée par l’Inspection générale des finances (IGF), d’avoir tiré plus de profits et bénéfices au détriment de la République démocratique du Congo dans le cadre du contrat sino-congolais.
Dans ses conclusions de l’étude menée sur le contrat sino-congolais dans le but d’en faire une évaluation sans complaisance, l’Inspection générale des finances avait indiqué que les minerais extraits du sous-sol congolais « peuvent être estimés à plus de 10 milliards de dollars américains alors que les infrastructures construites par la chine pour la République démocratique du Congo ne dépassent pas les 800 millions de dollars américains », ainsi elle avait appelé à la résiliation ou revisitation de ce contrat entre Kinshasa et Pékin.
« Ce deal a été plus bénéfique aux chinois qu’aux congolais », dénonçait l’Inspection générale des finances.
Dans le cadre de ce même contrat, certaines entreprises créées par la Chine ont largement bénéficié de plusieurs facilités administratives dont des exonérations et des exemptions fiscales qui ont fait échapper au trésor public de la République démocratique du Congo de colossales sommes d’argent dans le cadre des différents paiements des impôts.