La saisie de 33 camions de minerais, dont le cobalt et le cuivre par la justice grâce aux enquêtes effectuées par l’Agence pour la prévention de lutte contre la corruption (APLC), constitue l’une des prouesses de cette agence dans la lutte contre la corruption en RDC, a indiqué son coordonnateur, Thierry Mbulamoko, au cours d’une conférence de presse organisée par cette agence jeudi à Kinshasa au Memling Hôtel.
Le coordonnateur Thierry Mbulamoko qui retraçait de manière générale l’ensemble des activités organisées à ce jour par cette agence deux ans après son existence, a indiqué que plusieurs actions ont été menées pour rendre effective la mission de cette agence.
Cette dernière étant tenue à respecter les règles déontologiques et substantielles qui limitent leur faculté à pouvoir communiquer, notamment la nature des missions spécifiques qu’elle est appelée à accomplir.
Celles-ci sont soumises à une série des règles et d’un caractère de sensibilité au nom du respect de l’instruction pour éviter d’exposer les personnes impliquées à une éventuelle fuite ou même mettre en danger les lanceurs d’alertes ainsi que de respecter le principe de la présomption d’innocence.
Le coordonnateur a fait savoir que ces enquêtes ont permis d’augmenter les recettes du trésor public qui se dissipent par le fait de la corruption. Elles ont également permis à travers une sensibilité d’enregistrer auprès de l’ARCA dans le Lualaba, des entreprises minières et opérateurs économiques qui œuvraient dans l’informel.
M.Mbulamoko a fait savoir que les axes ciblés des enquêtes pour cette première étape sont les provinces de Lualaba et Kongo-Central.
Il a cependant relevé que la réticence au changement constitue l’un des obstacles rencontrés par l’APLC qui continue à multiplier des efforts pour un changement de mentalité à tous les niveaux.
M.Mbulamoko a invité la population congolaise, la société civile, les journalistes ainsi que les différents acteurs politiques à s’approprier cette mission qui est un devoir de tout citoyen.
Cette appropriation, selon lui, passe à travers des actions concrètes de dénonciation et de respect des valeurs morales, en vue de créer une société intègre et favoriser le développement socio-économique de la RDC. Il a, à cet effet, saluer les efforts des différents partenaires impliqués dans la réalisation de cette lutte.
« La stratégie nationale de la lutte contre la corruption prévoit de réduire ce fléau à 60% à l’horizon 2026 », a déclaré le coordonnateur.
Près de 16 camions bénéficie au trésor public une transaction importante
En ce qui concerne les enquêtes, le coordonnateur adjoint chargé des plaintes, enquêtes et investigations Michel- Victor Lessay a révélé que 16 camions des 33 camions saisis ont permis au trésor public de bénéficier d’une transaction importante et le paiement d’une redevance en cours d’exécution.
La justice s’est saisi des enquêtes de 17 autres camions dont le montant est évalué à près de 3 millions de dollars, soulignant que le champ des enquêtes dans la province de Lualaba demeure vaste.
Il a, à cet effet, examiné plusieurs dossiers sur la corruption, notamment les faits relatifs au paiement de la redevance minière aux ETD par les entreprises minières, les faits de corruption et faits assimilés liées à la sous-traitance minière, la problématique liée au non rapatriement des fonds d’exploitation des produits minières ainsi que lesenquêtes sur la fraude en ce qui concerne les fonds allouées à l’exploitation agricole.
« Les enquêteurs ont également effectué une mission dans le Kongo-central précisément au port de Matadi et de Boma », ajoute-t-il.
La spoliation des biens de l’Etat, un cheval de bataille du Président de la République
Le coordonnateur adjoint Francis Lusakweno a indiqué que le Président de la RDC avait ordonné que les biens de l’Etat soient retournés dans patrimoines de l’Etat.
C’est dans ce cadre que l’APLC, sur base du principe « rétroactif », a recouru aux anciens rapports de l’IGF et anciens arrêtés ministériels avec Kinshasa comme point de départ des enquêtes.
A l’issue de celles-ci, le constat fait sur 100 maisons était le non-respect du processus d’acquisition de la part des propriétaires, une série de responsabilités a été établie.
Mécanismes de prévention et perspectives
Mme Bénie-Laure Kamwiziku, chargée de la prévention, détection et administration à l’APLC, a indiqué que cette agence a recouru à la stratégie de 2010 relative à la lutte contre la corruption, en l’adaptant aux standards internationaux et en le conformant, notamment aux conventions des Nations Unies sur la lutte contre la corruption et Union africaine, le recouvrement des avoirs ainsi que la coopération internationale.
A cet effet, plusieurs manifestations de la corruption par secteur ont été relevées à l’issue de cette étude, tout en respectant les axes exigées dans la lutte contre la corruption à savoir la prévention, la détection et l’investigation ainsi que la répression.
Ces secteurs, précise-t-elle, tels que juridico-sécuritaires, socio-culturel, politico-administratif, économique et financière (ressources naturelles).
A ces manifestations, il fallait mettre en place des stratégies contre ces pratiques de corruption sur un délai de 5 ans, notamment améliorer le cadre légal et institutionnel.
Sur ce, l’APLC avec le concours des autres structures ont proposé une loi de prévention et de lutte sur la corruption, l’accès à l’information ainsi que de protection de lanceur d’alerte. Ceci en vue de susciter l’accroissement des recettes publiques ainsi que de protéger recettes de coulages.
En perspectives, l’APLC met en place plusieurs actions notamment des campagnes, actions insertions du cours de la lutte avec pour objectif de former une couche de la population à travers la culture de l’intégrité et un site internet de dénonciation www.aplc.cd.
Plusieurs invités ont pris part à ces assises, notamment la société civile.