L’organisation non gouvernementale The Sentry, fondée par l’acteur et activiste George Clooney, a publié jeudi 15 décembre, une nouvelle enquête, dans laquelle les différentes preuves démontrent comment le géant minier canadien Ivanhoe Mines a reçu des avantages illégaux lors de transactions d’initiés en République démocratique du Congo.
Selon les informations livrées dans cette enquête intitulée, « Détournement du système : comment un géant minier canadien s’est joué de la loi en République démocratique du Congo », il est révélé que l’entreprise Ivanhoe Mines, gérée par l’américain Robert Frieland et possédant une valeur estimée à plusieurs milliards de dollars américains, s’est organisée; au moment où le gouvernement congolais prenait « des mesures apparemment illégales »permettant à Ivanhoe Mines de maintenir certains permis de recherches; à céder ses parts majoritairement lucratives de filiales locales à une personnalité politique.
Pour l’Ong The Sentry, ces différents permis de recherche, devaient être remis par Ivanhoe, il y a quelques années, à cela s’ajoute le détail non déclaré précédemment dans le rapport annuel d’Ivanhoe Mines l’année dernière, révélant ainsi que « la police canadienne avait exécuté un mandat de perquisition du siège social de l’entreprise, citant des motifs raisonnables pour croire qu’au Congo Ivanhoe Mines avait enfreint la loi canadienne sur la corruption transnationale entre 2014 et 2018 ».
« Ivanhoe Mines et les capitaux que la société attire sur les marchés internationaux n’ont droit à aucune part de la richesse minière de la RDC au-delà des limites fixées par la loi congolaise. Ce rapport expose le type d’arrangements suspects, voire illégaux, qui sévissent depuis longtemps dans le secteur des ressources naturelles de la RDC », déclaré le conseiller politique principal de l’Ong The Sentry, Flobibert Anzuluni.
Par ailleurs, à en croire plusieurs reportages des certains médias, il est clairement signifié que « le type d’arrangement suggéré dans l’enquête de l’Ong The Sentry, n’a peut-être pas connu son déclin avec la période de règne de l’ex-président Joseph Kabila ». Car en septembre dernier, Vidiye Tshimanga, ex-conseiller stratégique du Chef de l’État, a été accusé de trafic d’influence, de corruption et d’offense au Président de la République, et s’est retrouvé dans le viseur de la justice congolaise après la publication d’une enquête menée par le média suisse Le Temps.
Une enquête dans laquelle piégé par une caméra cachée, l’ancien conseiller du chef de l’État, « prétendait détenir 20% d’une co-entreprise non identifiée avec Ivanhoe Mines et promettait à des pseudos investisseurs, la sécurité de leurs investissements dans le secteur minier congolais, grâce à ses liens avec le président Félix Tshisekedi, mais également des montages financiers opaques. En contrepartie, un gain de 20% de la commission devait lui revenir », indiquait le journal Le Temps.
En réaction, la Présidence de la République avait via sa cellule de communication annoncé des sanctions exemplaires en cas de la véracité des faits révélés dans cette enquête qui mettait à cause Vidiye Tshimanga.
« La défense de l’intérêt général, le respect strict de la loi et la promotion de l’État de droit sont au cœur de la vision du président Tshisekedi pour édifier une justice sociale profitable à tous les congolais. Cela ne se fera qu’au prix de l’exigence d’exemplarité de la part de chaque congolais, à commencer par ceux qui dirigent le pays […] Toute personne, y compris au sein du Cabinet du Président de la République, dont le comportement avéré aura enfreint la loi, la déontologie de sa fonction ou le règlement d’ordre intérieur du Cabinet présidentiel, subira la rigueur de leurs effets », annonçait la Présidence de la République.
Acculé par l’accroissement de vives réactions au sein de l’opinion publique, Vidiye Tshimanga a été contraint de jetter l’éponge. Après avoir passé plus de sept heures d’audition, Vidiye Tshimanga a été placé sous mandat d’arrêt provisoire le 21 septembre dernier et fût conduit à la Prison centrale de Makala, avant de recouvrer six jours plus tard, soit le 27 septembre, la liberté sur décision du parquet général près la cour d’appel de Gombe de lui accorder une liberté provisoire.
A ce jour, Vidiye Tshimanga est toujours en attente du verdict final de la justice congolaise quant à son procès.
Ivanhoe Mines prête à coopérer avec les autorités canadiennes
Mise en cause dans l’enquête de l’Ong The Sentry, l’entreprise Ivanhoe Mines a affirmé que toutes ses différentes opérations ont été soumise aux politiques d’anti corruption ainsi qu’à des contrôles internes stricts et que toute inférence de corruption ou de malversation est « incorrecte ».
A cet effet, Ivanhoe Mines a affirmé « qu’elle coopérait avec les autorités canadiennes et que les documents saisis par la police l’année dernière faisaient actuellement l’objet d’un examen visant à identifier les documents protégés par le privilège légal ».
Malgré le fait qu’elle a accepté de concerter des processus et des procédures communs aux entreprises opérant au-delà des frontières internationales sur de longues périodes, Ivanhoe Mines a toutefois refusé de fournir des réponses en détails à la majorité de questions posées par l’Ong The Sentry.
Il sied de noter que selon l’Ong The Sentry, les gouvernements de la République démocratique du Congo, du Canada et des États-Unis devront mener des enquêtes relatives aux différentes conclusions présentées dans ce rapport et, le cas échéant, « engager des poursuites si les lois ou règlements pénaux congolais ont été violés ».