Après plusieurs semaines de suspension liée à l’insécurité, Alphamin Resources annonce la reprise progressive de ses activités à Bisie, l’une des plus grandes mines d’étain du monde. Une décision stratégique qui intervient alors que les Forces armées de la RDC (FARDC) ont repris le contrôle de Walikale-centre, dans la province du Nord-Kivu.
Une annonce aux implications régionales et internationales
C’est depuis Kigali, où il rencontrait le président Paul Kagame, que Massad Boulos, envoyé spécial de Donald Trump, a été le premier à évoquer la relance imminente de la production à Bisie. L’information a ensuite été confirmée par la société minière.
Alphamin justifie sa décision par un calme relatif revenu dans la zone, après le retrait des rebelles du M23 vers les localités de Nyabiondo et Masisi, situées à plus de 130 km du site minier.
Une reprise progressive sous surveillance
« La sécurité reste notre priorité. Mais les conditions actuelles nous permettent d’envisager une relance maîtrisée », a indiqué un porte-parole de l’entreprise depuis Grand Baie, à l’île Maurice, siège du groupe.
Le redéploiement du personnel et la remise en service des infrastructures se feront par étapes, selon Alphamin, qui précise disposer de stocks suffisants de consommables et pièces détachées pour assurer la continuité de ses opérations.
La mine de Bisie représente près de 6 % de la production mondiale d’étain, un métal stratégique pour l’industrie électronique. Son arrêt en mars, en raison de l’avancée du M23, avait provoqué une onde de choc sur les marchés internationaux.
Un dossier géopolitique sensible
Au-delà de l’enjeu économique, cette relance traduit l’impact de négociations diplomatiques discrètes. Des sources sécuritaires évoquent des pressions conjointes des États-Unis et du Rwanda, soupçonné d’ingérences récurrentes dans l’est de la RDC, pour obtenir un repli tactique du M23.
Cette reprise illustre les paradoxes du secteur minier congolais : une richesse stratégique exploitée dans un environnement sécuritaire instable. Elle pourrait toutefois rassurer les investisseurs et relancer l’économie locale, fortement tributaire de l’industrie extractive.
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Une relance sous haute surveillance
Alphamin publiera ses résultats financiers annuels le 17 avril, un rendez-vous très attendu par les analystes, désireux d’évaluer l’impact réel de la suspension temporaire sur les performances du groupe.
À Walikale, comme dans d’autres zones minières de l’Est congolais, la prudence reste de mise. La relance de Bisie pourrait symboliser un retour fragile à la normale – ou marquer le début d’une nouvelle phase d’incertitudes.
Junior Ngandu