L’Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (ARECOMS) a annoncé dans un communiqué rendu public samedi 20 septembre 2025, la prorogation de la suspension temporaire des exportations de cobalt jusqu’au 15 octobre 2025. Cette mesure, en vigueur depuis février 2025, sera suivie dès le 16 octobre par la mise en place d’une politique de quotas d’exportation, visant à mieux encadrer et valoriser l’un des minerais les plus stratégiques du pays.
Un encadrement strict du cobalt congolais
Selon la décision n°004/ARECOMS/2025, l’exportation de cobalt – qu’il soit issu de l’exploitation industrielle, semi-industrielle, artisanale ou de petite mine – reste suspendue pour un mois supplémentaire. À partir du 16 octobre, les entreprises autorisées devront se conformer à un système de quotas mensuels et annuels, calculés sur la base de leurs volumes d’exportation historiques.
Pour la fin de l’année 2025, un volume maximal de 18 125 tonnes sera permis, réparti entre octobre (3 625 t), novembre (7 250 t) et décembre (7 250 t). En 2026, le plafond global s’élèvera à 96 600 tonnes, dont 87 000 t de quotas de base et 9 600 t de quotas stratégiques gérés directement par l’ARECOMS pour des projets d’intérêt national.
Entreprises exclues et obligations nouvelles
Le dispositif exclut certaines entreprises, notamment celles ayant exporté moins de 100 tonnes en 2024 (sauf l’Entreprise Générale du Cobalt, EGC), celles ne disposant pas de mines en activité au cours des cinq dernières années ou dont les gisements sont épuisés.
Par ailleurs, l’ARECOMS pourra retirer les quotas attribués à toute société traitant des rejets miniers ou des minerais artisanaux sans autorisation, ou en cas de non-respect de la réglementation en vigueur. L’institution se réserve également le droit de racheter les stocks excédentaires des entreprises dépassant leurs volumes autorisés.
Un signal fort pour la souveraineté minière
Ces mesures traduisent la volonté des autorités congolaises de reprendre la main sur un marché mondial dominé par la demande croissante en cobalt, métal indispensable à la transition énergétique et à la production de batteries.
« Il s’agit de garantir un développement organisé des minéraux stratégiques nationaux, de préserver les intérêts du pays et de sa population, et de partager équitablement les bénéfices de la nouvelle industrie énergétique », précise le communiqué signé par Patrick Mpoyi Luabeya, président du conseil d’administration de l’ARECOMS.
Vers une valorisation locale
À l’horizon 2027, les volumes fixés pour 2026 devraient être reconduits, avec des ajustements possibles en fonction des dynamiques du marché et des perspectives de transformation locale du cobalt en produits à plus forte valeur ajoutée.
Cette nouvelle politique est perçue comme un tournant stratégique pour la République démocratique du Congo, premier producteur mondial de cobalt, qui entend désormais aligner l’exploitation de ses ressources sur les impératifs de souveraineté, de transparence et de développement durable.
Junior Ngandu