Les sociétés minières opérant dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba sont désormais sommées de se conformer strictement à la réglementation en vigueur sur l’approvisionnement en produits pétroliers. Les ministres des Hydrocarbures, Acacia Bandubola Mbongo, et des Mines, Louis Watum Kabamba, ont adressé un rappel ferme aux opérateurs du secteur, les enjoignant à coopérer pleinement avec la Brigade de marquage des produits pétroliers.
Dans une correspondance officielle datée du 10 décembre 2025, les deux membres du gouvernement dénoncent les refus répétés d’accès à certains sites miniers lors des missions de contrôle, une attitude jugée contraire aux lois de la République.
Fin effective des subventions pour le secteur minier
Cette mise en garde s’inscrit dans l’application stricte de la loi de finances 2025, notamment son article 22, entrée en vigueur en août dernier. Le texte exclut formellement de toute subvention étatique, exonération de droits de douane ou de TVA, les carburants terrestres et d’aviation destinés aux activités minières et à leurs sous-traitants.
Sont concernés notamment l’essence, le kérosène, le gasoil, le fuel, le pétrole lampant et le gaz de pétrole liquéfié (GPL). Désormais, les entreprises minières doivent s’approvisionner sous régime douanier, avec des produits marqués spécifiquement, afin de les distinguer clairement de ceux destinés à la consommation des ménages.
La Direction générale des douanes et accises (DGDA) soupçonne en effet des détournements de carburants subventionnés, initialement réservés au grand public, au profit de l’industrie minière.
Des contrôles bloqués, une réaction gouvernementale
Entre le 7 et le 12 septembre, des contrôles inopinés menés par la Brigade de marquage dans la province du Lualaba ont été entravés par certains opérateurs. Ces entraves ont motivé l’intervention directe des ministres concernés, décidés à faire respecter la traçabilité dans un secteur stratégique pour l’économie nationale.
Ainsi, le gouvernement annonce le déploiement de missions conjointes, combinant marquage moléculaire et contrôles administratifs des services des Hydrocarbures. Ces inspections porteront notamment sur : la vérification des capacités de stockage installées ; l’analyse des volumes de carburants importés et consommés mensuellement ; l’examen des déclarations douanières ainsi que des autorisations d’importation, de transport et de stockage à des fins d’autoconsommation.
Les ministres préviennent : toute absence de « bonne collaboration » pourrait entraîner des sanctions sévères, dans un contexte de renforcement de la protection des subventions destinées aux ménages.
Des recettes publiques en forte hausse
Le vice-Premier ministre, ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, salue déjà les effets positifs de ces mesures. En août 2025, les importations de carburants ont généré 63 milliards de francs congolais (environ 22 millions USD), contre 4 milliards FC (1,5 million USD) en juillet, soit une hausse spectaculaire de plus de 1 500 %.
Pour les entreprises minières, cette nouvelle donne implique : une hausse des coûts logistiques, liée à la fin des subventions et au marquage obligatoire ; des risques de non-conformité, exposant les opérateurs récalcitrants à des amendes ou à des suspensions d’activités ; des opportunités d’adaptation, notamment à travers des partenariats avec des fournisseurs certifiés ou des investissements dans l’efficacité énergétique.
En définitive, les sociétés minières du sud-est du pays, véritables piliers de l’économie congolaise, sont appelées à s’aligner rapidement sur cette nouvelle rigueur réglementaire, sous peine de perturbations majeures de leurs activités.
Daniel Bawuna




