En marge du Forum économique mondial qui se tient à Davos en Suisse, le Président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a dévoilé une initiative historique : la création du Corridor vert Kivu-Kinshasa, une réserve écologique qui deviendra la plus grande aire protégée de forêt tropicale au monde. Ce projet, également connu sous le nom de Réserve du fleuve Congo, vise à préserver le bassin du Congo tout en exploitant durablement les ressources naturelles pour soutenir un développement économique respectueux de l’environnement.
Une réponse à la crise climatique mondiale
Dans un contexte de déforestation massive et de crise climatique croissante, le Corridor vert s’étendra sur 550 000 km², dont 285 000 km² de forêt primaire et 60 000 km² de tourbières intactes. Ces écosystèmes jouent un rôle crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique en séquestrant chaque année 1,5 milliard de tonnes de CO₂.
« La déforestation du bassin du Congo met en danger l’humanité toute entière. La préservation du bassin garantira que les objectifs de l’Accord de Paris restent en contact, tout en jetant les bases d’un nouvel avenir pour le peuple congolais, caractérisé par l’unité, la stabilité et la prospérité», a déclaré le Président Félix Tshisekedi.
En plus de protéger l’un des plus grands puits de carbone du monde, le projet ambitionne de réduire la violence persistante dans l’Est de la RDC en stimulant l’économie et en créant des opportunités pour les populations locales.
Un modèle de développement durable
Le Corridor sera alimenté par l’énergie hydroélectrique issue du fleuve Congo, dans la lignée de l’initiative de l’Alliance des Virunga, qui a généré plus de 21 000 emplois, dont 11 % occupés par d’anciens membres de milices armées. Le projet prévoit également le transport d’un million de tonnes de nourriture chaque année des provinces des Kivus vers Kinshasa, la plus grande ville d’Afrique.
Le Fonds du Corridor vert sera créé pour soutenir des entreprises et des projets durables axés sur les énergies renouvelables, l’agriculture et la logistique. Un investissement initial d’un milliard de dollars sur trois à quatre ans est nécessaire pour concrétiser cette vision ambitieuse.
Un soutien mondial pour préserver un trésor naturel
Cette initiative a reçu l’appui de plusieurs acteurs internationaux, dont l’Union européenne, la Fondation Schmidt et la Banque Grameen. Lors de l’annonce, John Kerry, ancien Secrétaire d’État américain, a salué l’initiative :
« Le bassin du Congo est l’un des atouts les plus importants de l’humanité dans la lutte pour préserver la biodiversité mondiale en déclin. Je salue cette initiative essentielle visant à préserver et protéger le bassin et à donner à des millions de Congolais les moyens de contribuer à prévenir les pires impacts de la crise climatique », a-t-il souligné.
Avec plus de 10 000 espèces uniques, dont un tiers sont endémiques, et 60 millions de personnes qui dépendent directement de ses ressources, le bassin du Congo reste un joyau inestimable pour l’humanité.