Dans l’univers feutré des conférences, sa voix a résonné comme une mise en garde. Du 15 au 17 juillet 2025, lors de l’atelier national consacré aux nouveaux textes sur la sûreté et la radioprotection, l’ingénieur Trudon M’Pinga, chef d’antenne du Comité national de protection contre les rayonnements ionisants (CNPRI) au Lualaba, a dressé un tableau préoccupant : la République démocratique du Congo demeure vulnérable face aux risques liés au stockage des sources radioactives.
Entre normes internationales et réalités locales
« La gestion des sources radioactives n’est pas un luxe mais une condition essentielle pour protéger la population et l’environnement », a-t-il martelé, rappelant que la RDC, riche d’un passé nucléaire et d’activités minières intenses, ne peut s’exonérer des standards internationaux. Dans un pays où la gouvernance minière et environnementale demeure fragile, l’équation est simple : sans cadre rigoureux, le danger est immédiat.
Des chiffres qui inquiètent
Selon l’ingénieur Trudon M’Pinga, près de 80 % des exploitants opèrent avec des lieux de stockage inadéquats. Un constat alarmant qui traduit l’absence d’infrastructures spécialisées, l’application limitée des textes existants et la faiblesse d’une culture de la radioprotection chez plusieurs utilisateurs. À cela s’ajoute le manque de financements pour bâtir des installations centralisées et durables.
Les conséquences ? « Fuites, pertes de confinement, vols, expositions accidentelles… » liste-t-il, précisant que les sources radioactives mal entreposées peuvent se transformer en véritables bombes à retardement pour la santé publique.
Face à ce constat, le Chef d’antenne du CNPRI/Lualaba, Trudon M’Pinga ne se contente pas de pointer les failles. Il propose une feuille de route :
- Construire des installations de stockage sécurisées,
- Renforcer le cadre juridique et réglementaire,
- Dresser un inventaire national exhaustif,
- Former et sensibiliser tous les acteurs,
- Explorer des solutions durables comme le stockage géologique profond.
Une vision intégrée qui, selon lui, devrait transformer la radioprotection en outil de gouvernance et de développement durable, et non en simple réponse technique aux injonctions des bailleurs.
Des initiatives prometteuses
Pour autant, des avancées notables sont en cours sous le leadership du Président du CNPRI, le Professeur Ordinaire Florimand Nyamoga Kabanda, le Data Warehouse d’utilisateurs de la RDC, qui centralise et analyse désormais les informations des différents secteurs est à jour.
Certaines bonnes pratiques émergent également : la maintenance régulière des sources radioactives, construction de stockage temporaire repondant aux dispositions réglementaires en la matière, et renforcement des mécanismes d’inspection elargit à la culture de sécurité nationale sur des sites industriels tels que KCC, Kamoa Copper, TFM Metalkol, Mutanda Mining, Commus, et Kalongwe.
Un enjeu de souveraineté nationale
« La RDC ne fait pas la radioprotection pour plaire aux partenaires, mais pour protéger sa population », insiste-t-il. Dans un pays où l’exploitation des ressources suscite autant d’espoirs que de crispations, la question radioactive ne se limite pas à des considérations scientifiques : elle touche à la sûreté nationale.
Pour l’ingénieur, il n’y a pas d’alternative : « Le stockage définitif et centralisé est une exigence incontournable. » Reste à savoir si l’État et ses partenaires entendront cet appel et accepteront d’investir dans une gouvernance nucléaire à la hauteur des enjeux.
Junior Ngandu




