L’Observatoire Africain des Ressources Naturelles (AFREWATCH) a exprimé sa profonde inquiétude face à la situation préoccupante que vivent les communautés locales riveraines des sites d’exploitation de Kamoa Copper SA, dans la région de Lubumbashi. Dans un communiqué transmis à MINES.CD, l’organisation appelle fermement l’entreprise à relancer sans délai le processus de délocalisation de dix communautés situées dans les secteurs de Luilu et Lufupa.
AFREWATCH exige que cette procédure respecte strictement le Code minier, notamment en ce qui concerne l’indemnisation, la compensation et la réinstallation des populations impactées.
Selon les informations recueillies auprès des communautés, le processus de délocalisation est suspendu en raison d’un désaccord entre les résultats du recensement et les prévisions financières de Kamoa Copper. L’entreprise jugerait le coût de l’indemnisation trop élevé, ce qui l’aurait poussée à demander aux populations de retourner cultiver leurs champs – une décision jugée incohérente par les habitants.
Ces derniers rappellent qu’à l’étape du recensement, Kamoa Copper leur avait interdit tout accès à leurs terres tant qu’ils n’étaient pas indemnisés ni réinstallés. Une restriction qui a duré trois mois et plongé plusieurs familles dans une situation de précarité, faute de revenus agricoles.
Pour mémoire, le 5 septembre 2024, Kamoa Copper avait lancé le processus de délocalisation dans dix localités des groupements Mwilu et Musokatanda, notamment à Mwilu, Musoka, Muzeya, Venance, Mawawa, Djosayi, Katayi, Tshindetshinde, Kamoa Mission et Sapalo.
Face au blocage, les communautés ont manifesté leur colère en barricadant l’entrée du site de Kamoa, le lundi 21 avril 2025, paralysant les activités de l’entreprise. En réaction, les autorités provinciales ont dépêché la police, dont l’intervention musclée est dénoncée par AFREWATCH comme un usage « disproportionné de la force ».
Le bilan provisoire fait état de plusieurs blessés – dont deux graves par balles –, d’importants dégâts matériels et de nombreuses arrestations.
AFREWATCH condamne ces violences, tant du côté des forces de l’ordre que des manifestants, et rappelle que ces incidents auraient pu être évités si les principes de transparence, de participation et d’information des communautés avaient été respectés dès le départ.
L’organisation appelle Kamoa Copper à renouer urgemment le dialogue avec les populations, à respecter ses engagements et à se conformer aux exigences légales en matière de délocalisation et d’indemnisation.
Pierre Kabakila