Du 3 au 5 Novembre 2024 à l’hôtel Hilton de Kinshasa s’est ouvert le Forum des « Parties prenantes sur la gestion des minéraux de la transition énergétique pour l’émergence de la République Démocratique du Congo (RDC) à l’horizon 2050 ».
Cette table d’échanges organisée conjointement entre Ressource Matters et le Ministère des Mines réunit des leaders et experts du secteur. Ces derniers réfléchissent sur une stratégie nationale devant permettre à la RDC de devenir un acteur clé dans l’économie mondiale de l’énergie des minéraux de la transition énergétique à l’horizon 2050. Ils réfléchissent en outre sur la manière de renforcer la stratégie nationale pour la gouvernance de ces minéraux.
Au nom du Ministre des Mines empêché, le Ministre du Développement Rural Muhindo Nzangi a rappelé l’idée constamment ressassée mais jamais pris en compte en RDC : « un potentiel, tant qu’il reste potentiel, ne sert à rien. On ne peut pas avoir un potentiel aussi immense et, à côté, avoir une pauvreté parmi les pauvretés les plus criantes au monde ».
Le représentant de Resource Matters, pour sa part, a souligné que « les dernières décennies qui ont montré de changements profonds dans la considération et l’utilisation des ressources naturelles en général et des ressources minières en particulier, jadis considérées comme seules substances à valeur économique aujourd’hui, constituent comme le sens de la vie présente et des générations futures. C’est la transition énergétique. La RDC est connue pour sa capacité à répondre à ce bien mondial de la transition énergétique à travers les minerais logés dans le sous-sol. C’est le pourquoi de l’adage ‘pays solution’. Cet adage doit être traduit en action pour une solution holistique allant au niveau local et mondial ».
Le Ministère des Mines et Resources Matters ont alors invité les participants à des réflexions stratégiques pour saisir par la main des opportunités offertes par la demande croissante des minéraux de la transition énergétique avant que les menaces géopolitiques et économiques prennent de l’avant.
Panels lors des assises
En ce premier jour, plusieurs thématiques ont été abordées par des panelistes, notamment sur « la vision et les principaux objectifs de la stratégie nationale pour la gouvernance des minerais de la transition énergétique; la sélection des minerais nécessitant une attention prioritaire dans la stratégie nationale; les profils des opérateurs miniers permettant de contribuer à la réalisation des objectifs stratégiques et pistes pour les attirer; les pistes pour améliorer les connaissances géologiques des minerais prioritaires ainsi que les pistes pour mieux maitriser la quantité des minerais exportés »
Kalele Hercule, Professeur à l’Université de Kinshasa et Directeur technique au Conseil de la batterie, est intervenu sur la stratégie que la RDC doit adopter. Il a appelé à l’urgence d’« investir dans la bonne gestion des minéraux de la transition énergétique, notamment le cobalt, le lithium ainsi que le manganèse et le Nickel pour arriver à produire ce que nous appelons les précurseurs dans la première phase avec comme objectif d’intégrer les chaînes de valeurs mondiales. Mais aussi, d’avoir une chaîne de valeur localement ». Il rappelle que la RDC s’est donnée comme vision d’être un pays industrialisé. Par conséquent, « Nous devons avoir une idée claire de la transformation », soutient-il.
Dans le panel sur « Les pistes pour mieux maîtriser la quantité des minerais exportés », John Nsana Kanyoni, un des administrateurs à la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), est revenu brièvement sur la réglementation : « depuis l’amendement du Code minier en 2018, nous avons mis en place un nouveau concept, les minerais critiques. Et pour la RDC, nous considérons le germanium et le cobalt comme des minéraux critiques », a-t-il indiqué. Constat décevant pour lui : « Les prix ont beaucoup chuté, par exemple celui du cobalt, alors que nous sommes le premier producteur du cobalt et c’est la loi de l’offre et de la demande sur le marché (..) ».
Il propose alors quelques pistes, notamment la mise en place des mécanismes, c’est-à-dire, que « nos produits aient toujours la valeur marchande et c’est dans ce sens qu’il existe l’autorité de régulation car nous pensons qu’il était judicieux et important pour le moment de nous inspirer de la conférence comme celle de l’OPM où les producteurs des produits pétroliers se mettent ensemble et arrivent à rationner toute leur production. Et dans le cas d’espèce, nous pensons, nous la RDC et l’Indonésie, que nous pouvons jouer ce rôle-là tout en travaillant étroitement avec les entreprises minières. Et nous comme opérateur minier, ça nous donne de la lattitude d’exporter nos revenus. »
L’autre aspect qu’il a trouvé essentiel est celui de « l’amélioration dans la gouvernance du secteur minier ». D’après lui, il est important de travailler étroitement avec les services étatiques qui sont pratiquement dans toute la chaîne.
John Nsana Kanyoni a martelé, par ailleurs sur le fait qu’aujourd’hui la RDC est deuxième producteur mondial du cuivre, et demain il peut être possible probablement de prendre la première position si seulement la RDC « anticipe ».
Il a enfin appelé à la mise en place d’un fedtek par rapport à la projection du pays dans cette filière qu’il juge particulière. Il souhaite que les participants à la fin disent quelles sont les politiques qu’il faudrait entreprendre. Cela permettra, selon lui, de voir comment mettre en place une stratégie à « très court, moyen et long terme » pour ces minerais qui puissent avoir de l’impact sur l’amélioration des conditions de vie des congolais.
Daniel Bawuna