Dans la province du Nord-Kivu près de 19 organisations de la société civile sont préoccupées et se disent inquiètes de la contamination de la chaîne d’approvisionnement des minerais dans les zones occupées par les rebelles du M23 notamment dans le territoire de Masisi où le coltan et la cassitérite sont exploités à souhait par ces rebelles.
C’est ce qu’a révélé le leader du groupe thématique mines et hydrocarbures au sein de la société civile du Nord-Kivu, Alexis Muhima.
Cet acteur de la société civile du Nord-Kivu lie cette inquiétude au fait que la rébellion du M23 est entrain d’occuper toutes les voies d’évacuation des minerais dont l’axe Mushaki-Karuba et l’axe Kitshanga, qui sont des principales voies d’évacuation des minerais dans la région.
« Le M23 est en train d’occuper non seulement les voies d’évacuation des minerais mais aussi des axes sur lesquels se trouvent beaucoup de sites miniers. Sur l’axe Kitshanga, nous avons par exemple Ngoliba, nous avons Pati, nous avons Bushingiri, nous avons Ruanya et Rutete. Sur l’axe Karuba, qui a été pris au début de cette semaine, nous avons par exemple le site de Katembe, le site de Kashaki, et sur l’axe par exemple Shasha, nous avons le site de Kiluku, le site de Kasholere, et donc la société civile est très inquiète de voir cette avancée du M23 et surtout la main mise qui vienne de s’asseoir sur l’exploitation de ces sites », s’inquiète Alexis Muhima.
Ce représentant de la société civile du Nord-Kivu révèle qu’il y a bel et bien exploitation des minerais tels que du coltan et de la cassitérite dans des sites miniers sous contrôle de la rébellion du M23.
« Oui, ces sites sont sous contrôle du M23 et il y a des minerais qui sont entrain de sortir de ces sites(…). Nous sommes la société civile, le représentant des communautés minières, nous savons qu’il y a un bon nombre qui sont partis, qui ont fui la guerre mais il y en a nos éléments qui sont sur place et qui sont entrain de nous relater sur l’existence des exploitations dans ces endroits », a-t-il révélé.
Le manque à gagner de l’État congolais
Il souligne que la cassitérite et le coltan sont des minerais classés stratégique par la RDC et se trouvent en grande partie dans le territoire de Masisi où le M23 fait sa loi aujourd’hui pour s’en servir a des fins obscures notamment financer la guerre.
« La zone de Masisi, elle est parmi les deux grands contributeurs au budget (de la province du Nord-Kivu), pourquoi ? parce que dans la zone de Masisi sa grande contribution provient du secteur minier», a-t-il dit.
Et d’ajouter : « Au fait (territoire) Rubaya c’est vrai que c’est le poumon (du budget de la province) mais à côté de Rubaya il y a aussi des sites qui produisent le coltan et la cassitérite, sur l’axe Karuba il y a des sites qui étaient en activité et qui produisaient ».
Quid sur ce qui est déjà fait pour asphyxier ces rebelles
« Nous saluons d’abord les efforts qui ont été faits par le gouvernement provincial, parce qu’au niveau de la province à travers la commission du suivi des activités minières, le groupe multi acteurs a activé un plan de mitigation qu’il a renforcé et adapté à la réalité actuelle. Certaines coopératives ont décidé de suspendre l’exploitation minière jusqu’à ce que la situation s’améliore, le gouvernement a encore exigé à ce qu’il y ait suspension des activités de l’étiquetage, donc ça ce sont déjà des mesures importantes que nous la société civile nous saluons», a renseigné cet acteur de la société civile.
Dans la même occasion, il a formulé quelques recommandations à l’endroit des autorités et parties concernées.
« Alors ce que nous demandons maintenant aux acheteurs finaux surtout au niveau des pays de la sous région comme par exemple le Rwanda dont il ya les indices sérieux de contamination de la chaîne par des minerais qui proviennent de nos sites donc les acheteurs finaux doivent se rassurer que les minéraux qu’ils achètent du côté du Rwanda ne sont pas des minerais qui ont été contaminé c’est-à-dire qui proviennent des sites qui sont sous contrôle de ces rebelles. Actuellement il y a vraiment des fortes présomption que les minerais de là passe par des réseaux mafieux et chute par la chaîne du Rwanda», a-t-il conclu.
Depuis le début de la résurgence de cette nébuleuse dite du M23, les autorités congolaises, commençant par le Président Tshisekedi y compris tous les autres officiels, n’ont cessé d’accuser le Rwanda d’avoir des ambitions économiques en soulevant cette rébellion contre la RDC.