Dans une interview accordée à MINES.CD dans la ville de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga, l’ancien ministre congolais des mines, Willy Kitobo Samsoni, a invité les autorités congolaises à investir sur la recherche géologique afin d’aider la République démocratique du Congo à faire des activités minières avec des partenariats où le pays récupère des grandes parts.
« Si nous avons mis les 10% de la redevance minière, c’était pour donner des moyens à l’État », a-t-il dit, tout en expliquant que ces moyens avaient pour objectif d’aider l’État à réagir « aussi » comme des privées, en faisant de la recherche et qu’en cas de découverte d’un gisement, il était possible d’essayer de le mettre en partenariat avec des valeurs.
Selon Willy Kitobo Samsoni, la problématique de la mise en valeur des gisements en République démocratique du Congo n’incombe pas de la responsabilité des entreprises privées. Pour lui la faute revient aux sociétés étatiques des portefeuilles, qui, à en croire ses propos, « prennent le risque de laisser l’évaluation des gisements aux privés ».
« Si on va tous les jours avec des gisements qui ne sont pas certifiés, donc celui qui arrive, dit : peut-être quand nous faisons la recherche, on ne va pas trouver grand chose donc mon argent sera perdu. Donc, il ne peut pas mettre 100 millions, 200 millions, 300 millions [ndlr. de dollars américains] dans la recherche géologique pendant que toute l’information géologique que vous aviez avant ce n’était que des indices qu’il y a du lithium », a-t-il avancé.
Étayant ses propos, l’ex-ministre des mines a indiqué que le problème est réside quand un investisseur privé met ses moyens et trouve qu’il y a telle quantité des minerais, les entreprises du portefeuille veulent renégocier « mais la base de départ de la négociation pour dire qu’on vous avez donné 15%, 20%, c’était quoi ? », s’interroge-t-il.
Et pourtant, « nous [ndlr. la RDC] avons apporté quoi ? C’est le gisement, lui [ndlr, investisseur privé], apporte l’argent et le développement des activités. Et donc quand nous apportons le gisement, nous l’apportons en disant : notre gisement a telle valeur », a-t-il ajouté.
Il explique que si la République démocratique du Congo n’améliore pas cet aspect des choses, le pays continuera toujours à signer des contrats où, après avoir certifié les gisements, les autorités congolaises seront encore entrain de regretter le fait d’avoir signé des contrats pour des gisements qui étaient sous-évalués.
Mettant en exergue les exemples de la Cominiere versus AVZ, Gécamines, ou encore Glencore et TFM, Willy Kitobo Samsoni a martelé sur le fait qu’à chaque fois que le pays a développé les mines, « on trouve que les gisements étaient sous évalués », ainsi les mêmes discussions reviennent toujours ; à cet effet, il faut trouver un compromis à un certain moment pour que « cette question soit résolue une fois pour toute ».
« Normalement c’est quelque chose qui doit être fait, qui devait nous guider, la loi minière d’ailleurs encourage ça, la transformation sur place. Lorsque nous transformons le cuivre, nous avons nos cathodes, et que sur place notre besoin en fil électrique est déjà aussi quantifié, il serait mieux de construire des usines qui produisent la partie que nous consommons sur place. Comme ça, nous n’avons pas à vendre notre cuivre, il va être transformé à l’étranger sous forme de fil de cuivre et puis nous revenir », a-t-il répondu à MINES.CD au sujet de la transformation locale des minerais.
Dans un autre registre, Willy Kitobo Samsoni a exprimé ses inquiétudes relatives à un manque des moyens conséquents pour les entreprises minières du portefeuille de l’État en République démocratique du Congo.
« Le manque des moyens conséquents pourraient pousser nos entreprises à recourir aux privés et cela a comme risque de pouvoir voir nos entreprises perdre leur actif minier », a-t-il renchéri, tout en affirmant que le fait que les sociétés minières congolaises ayant signés des partenariats dans le but de se relever « n’ont toujours pas atteint ces objectifs malgré l’existence du code minier ».
Monge Junior Diama