Le sous sol de la République Démocratique du Congo (RDC) est riche en ressources minières. Selon plusieurs rapports, ce potentiel minier est à la base de la guerre qui sévit dans cette partie. Et comme corrolaire, elle affecte l’économie nationale à la suite des actes de pillage qui y sont perpétrés et qui profitent aux pays étrangers impliqués dans ces conflits.
Pour mettre un terme à ce cycle de la violence, un expert minier, le Professeur Dady Saleh, dans un entretien avec Mines.cd ce mardi 3 décembre 2024, a appelé le gouvernement congolais à adopter une stratégie de protectionnisme économique. Il suggère alors de privilégier les investisseurs nationaux au détriment de ces étrangers qui, pour la plupart, pour échapper au fisc national, créent des groupes armés.
Selon lui, la guerre dans l’Est de la RDC fragilise l’économie nationale. Il explique que ces tensions poussent même certains investisseurs à se tourner vers des pratiques illégales comme l’investissement dans des groupes armés ou le pillage des ressources telles que les minerais et les bois.
Consécutivement à cette situation, le professeur Dady Saleh propose le néo-mercantilisme, c’est-à-dire laisser des secteurs stratégiques tel que le secteur minier aux seuls congolais. « On ne peut pas protéger le secteur minier congolais contre les pillages alors que la loi ne le dit pas. La loi congolaise libéralise tous les secteurs alors qu’il y a un problème davantage comparatif. Ce secteur doit être laissé seulement aux congolais pour ne pas compromettre l’économie congolaise. Nous donnons des contrats miniers aux étrangers pour faire de nous des commissionnaires, c’est inacceptable. Les secteurs stratégiques doivent être protégés par la loi. Plusieurs entreprises minières sont étrangères. Il faut prôner le néo-mercantilisme. Quelle est l’entreprise minière connue et qui a un bon chiffre d’affaires appartenant aux congolais ? Nous voulons relever notre économie en la laissant aussi entre les mains des étrangers ? C’est utopique. Nous devons changer de réflexion
», a-t-il argumenté.
À l’en croire, ce protectionnisme à outrance vise essentiellement à favoriser les investisseurs nationaux pour récupérer l’économie congolaise dirigée par des étrangers. Dady Saleh estime que ces minerais peuvent contribuer aux efforts de paix en multipliant des industries militaires. Et ces minerais qui serviront donc à la fabrication des armes pourrait au bout du compte faire respecter la RDC à l’échelle mondiale.
« Nous pouvons faire ces entreprises, ces industries, pour sécuriser la nation. On produit pour sécuriser la cité et c’est comme cela que ces minerais vont profiter aux congolais. C’est même le point fort du système industriel complet. C’est une proposition adaptée à la RDC car nous sommes en guerre pendant plus de 30 ans. Cela nous permettra d’avoir un budget de guerre. Où sont les œuvres de 145 territoires à Rutshuru, Kanyabayonga et consort… C’est dans les mains des Rwandais. C’est le moment de nous construire. Une fois la sécurité rétablie, cela va rétablir les investissements, c’est pourquoi nous devons avoir une économie de guerre. On insiste sur une industrie qui produit les kalachnikovs pour nos militaires à travers les minerais. On insiste sur l’agriculture pour permettre aux militaires de bien manger et on entretient des routes, c’est ça la priorité. Nous devons utiliser notre intelligence, nous nous comptons comme si nous ne sommes pas en guerre. Nous devons être dans l’investissement de guerre, c’est-à-dire produire pour sécuriser notre cité. Ces minerais doivent être mis à la disposition nationale », a fulminé le professeur Dady Saleh.
Azarias Mokonzi