À l’aube de la DRC Mining Week, grande messe du secteur extractif en République Démocratique du Congo, les résultats d’un sondage national réalisé par l’agence Target viennent apporter un éclairage précieux sur la perception qu’ont les citoyens congolais de cette industrie clé. Présentés à la presse ce mardi 10 juin 2025 à Lubumbashi, au Centre Arrupe, ces résultats révèlent un scepticisme persistant de la population à l’égard de l’évolution du secteur minier.
Un regard globalement négatif sur le secteur
Réalisée par téléphone (méthode CATI) entre le 22 mai et le 3 juin 2025, l’enquête a concerné 1 540 personnes issues de huit provinces : Kongo-Central, Équateur, Kasaï Oriental, Katanga, Kinshasa, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Province Orientale.
Premier constat : « seulement 12 % des répondants estiment que le secteur minier congolais évolue dans la bonne direction. En revanche, 35 % pensent le contraire, tandis que 54 % préfèrent ne pas se prononcer, reflet d’un manque d’information flagrant ou d’un désintérêt croissant pour un secteur pourtant stratégique», a expliqué Serge Mumbu, Directeur Général de l’agence Target.
Les opinions négatives sont particulièrement marquées dans les provinces de l’Équateur (46 %) et du Kasaï Oriental (45 %), où les répondants dénoncent la marginalisation des communautés locales, les conflits autour des ressources et une insécurité persistante. Les rares avis positifs évoquent l’arrivée de nouveaux partenaires étrangers et une modernisation perçue du secteur.
Une méconnaissance préoccupante des projets miniers

Deux projets majeurs ont été examinés dans ce sondage : le partenariat minier RDC–États-Unis et le corridor de Lobito.
Le partenariat avec les États-Unis, en discussion pour renforcer la chaîne d’approvisionnement en minerais critiques, est connu de 44 % des sondés. La proportion atteint 51 % chez les hommes et culmine à 55 % au Kasaï Oriental. Toutefois, ce projet reste largement ignoré des jeunes : seulement 21 % des 18–24 ans en ont entendu parler, contre 61 % des 65 ans et plus.
Quant au corridor de Lobito – une initiative visant à relier la RDC à l’Angola par rail pour faciliter l’exportation de minerais – seulement 27 % des personnes interrogées déclarent en avoir connaissance. Là encore, les hommes sont plus informés (32 %) que les femmes (12 %), et la notoriété progresse avec l’âge. Les provinces du Kasaï Oriental (36 %) et du Katanga (33 %) se démarquent par une meilleure connaissance du projet.
Un déficit d’information au cœur des préoccupations

Devant la presse, Serge Mumbu, Directeur Général de Target SARL, a souligné que ces résultats mettent en évidence un décalage entre les initiatives en cours et leur perception par les populations. « Cette étude permet de cerner les attentes, mais aussi le niveau de confiance et d’information des citoyens vis-à-vis du secteur minier. Cela doit interpeller tous les acteurs », a-t-il affirmé.
Il a insisté sur la nécessité d’une communication plus proactive de la part du gouvernement, des compagnies minières et des partenaires techniques et financiers. « Tant que les populations ne seront pas bien informées, il sera difficile de mobiliser leur adhésion aux politiques et projets liés au secteur minier », a-t-il ajouté.
Un appel à une meilleure gouvernance de l’information

Ce sondage arrive à point nommé, alors que les discussions s’intensifient autour des retombées locales des richesses minières. Alors que le secteur minier représente plus de 90 % des exportations de la RDC, l’absence d’une stratégie claire de vulgarisation constitue un obstacle majeur à l’implication citoyenne.
Pour l’agence Target, il est urgent que les acteurs publics et privés s’engagent dans une pédagogie active, afin que les Congolais puissent évaluer, en toute connaissance de cause, l’impact réel du secteur minier sur leur vie quotidienne et sur l’économie nationale.