Le partenariat signé entre la République démocratique du Congo et les Émirats arabes unis sur l’exportation et la commercialisation de l’or congolais porte désormais ses premiers fruits. C’est ce qu’a renseigné le ministre des Finances, Nicolas Kazadi qui a annoncé l’exportation par Primera Gold ce mardi 21 février, d’environ 100 kilogrammes d’or.
Cette nouvelle exportation d’or au Kivu entraîne une augmentation des statistiques qui sont passées de 23 et 34 kilogrammes exportés respectivement en 2021 et 2022, à 207 kilogrammes exportés en seulement 45 jours.
En briefing presse spécial sur l’état des finances de l’année dernière, tenu le 20 février 2023, Nicolas Kazadi est revenu sur la signature du partenariat d’exportation d’or entre Kinshasa et Abu-Dhabi, ce qui selon ses propos mettait fin au trafic illégal de l’or congolais par le Rwanda dans l’Est du pays.
« L’intérêt économique du Rwanda en RDC, c’est ça la véritable motivation de cette guerre qui a duré presque pratiquement 30 ans. Le Rwanda, l’année passée a exporté pour près d’un milliard de dollars d’or et de coltan, dont plus 90% proviennent de la République démocratique du Congo. Pour l’or, le principal pays de destination c’était les Émirats arabes unis, qui n’en pouvaient plus de vivre cette situation et se sont approchés de nous, et avec qui nous avons signé un accord historique », a-t-il déclaré.
Le ministre des Finances a également affirmé que désormais la RDC traite directement avec les Émirats arabes unis et qu’à cet effet « ils ont coupé l’herbe sur le pied du Rwanda », car tout l’or qui était exporté vers Kigali, via Kampala est entrain d’être récolté en RDC, exporté au nom de la République démocratique du Congo.
« On est entrain d’opérer un grand changement et c’est d’ailleurs tout cela qui explique l’agitation du Rwanda. Le Rwanda veut contrôler l’espace pour continuer à faire travailler ses mines clandestines parfois avec la complicité de certains congolais. Mais c’est là le véritable nœud de la guerre », a-t-il ajouté.
Une hausse d’exportation de minéraux de 52% pour le Rwanda en 2022
Selon les informations relevées il y a quelques semaines par le média The New Times, qui s’est basé sur les données recueillies auprès de la Banque nationale du Rwanda (NBR) et du ministère rwandais des finances, durant la période allant de janvier à novembre de l’année dernière, l’exportation de minéraux par le Rwanda a atteint 683 millions de dollars américains, soit une hausse de 52% par rapport à l’année précédente.
The New Times avait également révélé que les recettes générées par les exportations de minerais 3T – étain, tungstène, tentale – ont atteint les 186,3 millions de dollars américains soit une augmentation de 42% sur la même période.
Le ministère rwandais des finances avait pour sa part, attribué cette hausse dans le secteur minier, à « la stratégie d’importation de son pays puis de réexportation d’or pratiquée au Rwanda, comme en Ouganda ». De ce fait, s’appuyant en grande partie sur un réseau de plusieurs raffineries, le Rwanda avait réussi en quelques années à faire de l’or son premier produit d’exportation en valeur devant le café, qui était en première position, il y a quelques années.
A en croire, Global Witness, une organisation non gouvernementale américaine, les minerais 3T sont également concernés par cette stratégie. C’est ce qu’indiquait un rapport publié l’année dernière, selon lequel, « 90% des minerais 3T exportés par le Rwanda sont introduits illégalement depuis la République démocratique du Congo ».
Durant les 11 premiers mois de l’année 2022, avec 1,76 milliards de dollars américains, le secteur minier avait représenté près de 40% de l’ensemble d’exportation du Rwanda.
RDC-EAU : un partenariat pour couper l’une des sources de financement de l’agression rwandaise
Le 13 janvier dernier, la République démocratique du Congo procédait à l’expédition du premier lot d’or aux Émirats arabes unis, au cours d’une cérémonie organisée à la cité de l’Union africaine dans la ville de Kinshasa. Cette première expédition a été rendue possible grâce aux différentes exploitations de l’entreprise Primera Gold DRC, résultant d’un partenariat du commerce équitable entre la République démocratique du Congo et les Émirats arabes unis.
Ce partenariat, comme l’indiquait Tina Salama – porte-parole du Président congolais – se voulait un moyen pour Kinshasa de couper « l’une des sources de financement » de l’activisme de miliciens et des atrocités dans la partie Est du pays.
« Au-delà d’une simple expédition d’or vers les Émirats, la RDC à travers la Sté Primera Gold, va surtout couper l’une des sources de financement des atrocités dans sa partie orientale », affirme-t-elle sommairement sur son compte Twitter.
Engagement d’assainissement des secteurs artisanaux de l’or
En décembre dernier, le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, supervisait dans son cabinet de travail, la cérémonie de signature du contrat de partenariat entre la République démocratique du Congo et les Émirats arabes unis.
Avec pour objectif de stopper la contrebande dans le secteur minier congolais, ce partenariat entre les deux états avait abouti à la création de deux entreprises dont, Primera Gold DRC pour le secteur de l’or artisanal et Primera Metals DRC pour le secteur artisanal des 3T (Etain, Tungstène, Tantale).
Par la signature de ce contrat ainsi conclu, les deux parties s’étaient engagées à assainir les secteurs artisanaux de ces deux minerais en créant deux joint-ventures devant lutter contre la fraude dans le secteur artisanal de l’or et des 3T en vue de redorer l’image ternie de ces minerais gangrenés par la fraude, la contrebande et l’exploitation illicite particulièrement dans l’Est du pays.
Monge Junior Diama