Le récent remaniement du gouvernement de la Première ministre Judith Suminwa, voulu par le président Félix Tshisekedi et qualifié « d’ouverture large et resserrée », a apporté plusieurs changements notables. Parmi eux, la nomination de Louis Watum Kabamba à la tête du ministère des Mines, en remplacement de Kizito Pakabomba, marque un tournant dans un secteur stratégique pour l’économie congolaise.
Des attentes fortes en matière de transparence
Au cours d’une interview accordée à Mines.cd, Freddy Kasongo, secrétaire exécutif de l’Observatoire d’Études et d’Appui à la Responsabilité Sociale et Environnementale (OEARSE), a appelé le nouveau ministre à s’attaquer aux pratiques illégales de certaines entreprises minières.
« Nous l’attendons dans le contexte de la transition énergétique sur des grands dossiers et des questions de transparence. Aujourd’hui, dans le processus ITIE-RDC, de moins en moins d’entreprises publient des informations de manière exhaustive. Des questions de fiabilité continuent à se poser », a-t-il dénoncé.
Le défi de la redistribution des titres miniers
Sous la gestion de Kizito Pakabomba, l’assainissement du fichier cadastral a permis à la RDC de récupérer 31 000 km² de territoire minier. Freddy Kasongo s’interroge sur la manière dont ce patrimoine sera redistribué.
« Le fichier du Cadastre Minier vient d’être assaini. Nous restons curieux de voir si la transparence sera au cœur de la redistribution des carrés récupérés et comment il contribuera à réduire le prétexte du manque d’espace pour installer les exploitants artisanaux, qui jouent un rôle clé dans l’économie nationale », a-t-il insisté.
Un secteur clé mais fragilisé par le manque de leadership
Pour le responsable de l’OEARSE, la question du leadership reste centrale.
« Nous savons que Louis Watum a eu du succès dans le secteur minier. Mais aura-t-il la capacité de travailler au profit du pays, d’apporter des réformes et de rester au-dessus des clivages politiques ? Beaucoup de techniciens et professeurs compétents ont été absorbés par la politique. C’est notre crainte pour le nouveau ministre », a-t-il expliqué.
Une feuille de route exigeante
D’après Freddy Kasongo, Louis Watum hérite d’un ministère crucial mais fragile. Il devra :
- Renforcer les contrôles sur les entreprises opérant dans l’illégalité ;
- Goursuivre les réformes initiées par le Cadastre Minier (CAMI) ;
- Garantir la transparence dans la gestion des titres miniers ;
- Soutenir les partenariats stratégiques tout en préservant les intérêts nationaux.
Dans un contexte de forte demande mondiale en minerais stratégiques, liée à la transition énergétique et aux nouvelles technologies, les attentes sont élevées. La réussite ou l’échec de Louis Watum pourrait bien marquer durablement la gouvernance minière en RDC.
Daniel Bawuna