L’Inspection générale des finances (IGF) de la République démocratique du Congo, dans un rapport révélé samedi, pointe de nombreuses irrégularités dans la gestion de la société publique minière Gécamines, ayant provoqué la perte selon elle de centaines de millions de dollars. L’agence anticorruption avait lancé il y a plusieurs mois un audit de la société sur la période 2010-2020 et a bouclé son rapport le 31 mai, a indiqué l’hebdomadaire Jeune Afrique, qui en a publié en premier les conclusions.
La Gécamines (Générale des carrières et des mines) était dirigée durant cette période par Albert Yuma, un proche de l’ancien président Joseph Kabila, qui a été écarté en décembre dernier de la tête de l’entreprise par le gouvernement de Félix Tshisekedi.
Une « synthèse » de ce « rapport de l’IGF sur la gestion de la Gécamines », dont l’AFP a obtenu une copie, énumère les multiples problèmes constatés : « irrégularités » dans « les cessions d’actifs miniers à travers les contrats de partenariats », « manque de transparence dans la signature des contrats », « préjudices dans les cessions de droits », « défaut de paiement des impôts dus au Trésor », « présomption de détournements des deniers publics », « bradage du patrimoine immobilier de l’entreprise », etc.
L’IGF indique en particulier ne pas avoir retrouvé la trace de plus de 400 millions de dollars sur un total de quelque 600 millions d’avances sur fiscalité et prêts à l’État. Elle pointe aussi des « avantages indus » payés aux dirigeants ou encore le « paiement de collations exorbitantes ». « Pendant la période examinée, la Gécamines a généré 2 milliards de dollars américains en ressources propres », a précisé à l’AFP le patron de l’IGF, Jules Alingete. Or, dit-il « 1,5 milliard a servi au paiement des primes et collations du management ».
L’IGF affirme en outre que de 2012 à 2020, « les partenaires de la Gécamines ont réalisé un chiffre d’affaires global évalué à 35 milliards de dollars », alors que l’entreprise « n’a reçu que 564 millions de dollars comme royalties tirées de ces partenariats, soit 1,6% ».
Le gendarme des finances se penche aussi sur le « contrat chinois », dit « contrat du siècle » signé en 2008 par lequel la Chine, en échange de l’exploitation minière, réalise des infrastructures. L’IGF estime qu’il n’y a eu « aucun suivi sérieux des investissements à charge des partenaires chinois et des revenus générés par l’entreprise commune Sicomines ».
En mai 2021, Félix Tshisekedi avait annoncé son intention de renégocier les contrats miniers, notamment ceux conclus avec la Chine par Joseph Kabila. Une révision promise au nom des Congolais qui, déplorait-il, « croupissent toujours dans la misère ». Le sous-sol de la RDC regorge de minerais, le pays étant notamment le premier producteur mondial de cobalt et le premier producteur africain de cuivre.