Le monopole d’exploitation de 3T – coltan, cassitérite et wolframite – octroyé depuis janvier dernier à la joint-venture émiratie, Primera Gold, en République démocratique du Congo, continue de défrayer la chronique.
Comme plusieurs organisations de la société civile congolaise et internationale, l’Association sans but lucratif, Congo Enyanya, a également dénoncé la monopolisation accordée à Primera Gold pour exploiter ces minerais dans la partie Est du pays, plus particulièrement dans les provinces du Nord et Sud-Kivu ainsi que du Maniema.
Au cours d’un entretien accordé à la presse ce week-end, le porte-parole de Congo Enyanya s’est alarmé du fait que cette situation sabote le code minier du pays et met en péril la survie de milliers de congolais qui « dépendent de l’économie minière artisanale ». À cet effet, il a mis en cause l’entreprise chinoise, Congo Jia Xin.
« Si le Congo signe avec les Émirats Arabes Unis, c’est pour une exploitation industrielle et non artisanale. C’est mieux de prendre une mine pour en faire une fonderie, à l’instar d’Alphamine, Banro, Kibali Gold Mining car les étrangers ne doivent faire l’exploitation artisanale. C’est une violation du code minier de la République Démocratique du Congo », a-t-il lancé, tout en demandant à la Société aurifère du Kivu et du Maniema (SAKIMA) « d’attribuer une mine à Primera Metals pour faire les activités d’exploitation industrielle ».
Par ailleurs, il a épinglé le « pilllage systématique » qui s’opère et qui est caractérisé par différents avantages fiscaux et commerciaux accordés à Primera.
« La taxe initialement prévue à 0,54% est ramenée par Primera Gold à 0,25%, l’État perd 0,29% ; le fixing qui était à +1 ou +8 se discute désormais à -8 et en ce moment même c’est à -11, avec un retard dans le paiement de plus ou moins deux semaines aux opérateurs économiques. À titre exemple : Des 54.000 dollars américains, Primera Gold paie 25.000 dollars américains et l’État perd 29.000 dollars américains à multiplier par le nombre des tonnes », a-t-il affirmé.
Étayant ses propos, le porte-parole de Congo Enyanya, a attesté que de plus, Primera Gold s’est transformée en Primera Metals pour un nouveau contrat dont elle obtient encore le monopole de 3T, et par conséquent, la taxe de droit de sortie – exploitation – qui était à 0,12% « a été négocié et obtenue en monopole par Primera Metals à 0,35%, l’État perd 0,85% ».
« Pour un lot de 120.000 dollars américains, Primera Metals paie 35.000 dollars américains et l’État perd 85.000 dollars américains à multiplier par le nombre des tonnes », a-t-il conclu.
Il sied de noter que cette organisation a révélé ne plus croire à la promesse d’installation d’une fonderie de coltan par Primera Metals, prétextant qu’il est irréalisable « d’autant plus que c’est une tâche difficile même dans les pays industrialisés ».