Alors que le barrage hydroélectrique de Busanga est souvent vanté comme une infrastructure clé pour l’industrialisation de la République Démocratique du Congo, un rapport publié ce mardi 29 juillet 2029 par la Coalition Le Congo N’est Pas à Vendre (CNPAV) vient ternir cette image. L’analyse faite par Freddy Kasongo, Baby Matabishi et Jacques Kabulo, révèle un partenariat profondément déséquilibré, largement favorable aux intérêts chinois au détriment du Congo et de sa population.
Un projet vital, mais des intérêts congolais marginalisés
Destiné à produire 240 MW pour alimenter notamment la méga-entreprise minière SICOMINES, le barrage de Busanga est géré par la société SICOHYDRO, fruit d’un partenariat entre la RDC et des investisseurs chinois. Mais selon le rapport du CNPAV, ce montage contractuel « opaque et déséquilibré » a transformé un projet stratégique en « passoire économique pour l’État congolais ».
Initialement fixée à 25 %, la part congolaise dans SICOHYDRO a été portée à 40 % lors de la renégociation de l’avenant 5, mais « sans réelle valorisation des apports congolais ». Ces derniers incluent notamment des terrains, de l’eau, des exonérations fiscales et des concessions d’une valeur immense, pourtant cédés gratuitement.
Des privilèges exorbitants accordés à la partie chinoise
Parmi les éléments pointés du doigt par la CNPAV :
Une cession floue du site de Busanga par MAG Energy, au profit d’acteurs chinois, sans transparence ni conditions financières claires.
Des exonérations fiscales étendues et une renonciation aux redevances sur l’eau et l’électricité.
Une remise de 20 % sur le tarif de l’électricité accordée à SICOMINES, client principal, rendant la rentabilité du projet incertaine.
Des conflits d’intérêts présumés, avec l’implication de personnalités ayant participé à la coordination du projet et liées à des structures privées comme COMAN, détentrice de 15 % des parts (contre seulement 7 % pour la Gécamines et 3 % pour la SNEL).
Une gestion interne trouble et un appel au réveil de l’État
Le rapport révèle également une gestion peu claire de la quote-part congolaise dans SICOHYDRO. Aucune institution n’a répondu aux demandes d’information du CNPAV. Pire encore, des garanties ont été offertes au partenaire chinois, notamment l’exclusion de l’application de lois défavorables futures et une promesse de compensation financière en cas de changement de législation.
Sur le plan financier, plus de 824 millions USD ont été mobilisés pour ce projet, sans preuve claire que la RDC a assumé sa part équitable (328 millions USD). En parallèle, les 260 experts congolais mobilisés dans le processus de négociation ont coûté 29 millions USD en jetons de présence, sans aboutir à une solution favorable pour la nation.
Une sonnette d’alarme lancée par la société civile
Face à ces constats alarmants, la coalition CNPAV appelle le Gouvernement congolais à prendre des mesures urgentes et correctives, parmi lesquelles :
- La réalisation d’un audit indépendant du projet SICOHYDRO ;
- La revisitation des accords contractuels et juridiques du projet ;
- La modélisation économique du projet afin d’en améliorer les retombées pour la RDC ;
- La réévaluation des apports réels des parties au capital de SICOHYDRO, pour garantir une répartition juste et transparente.
Junior Ngandu