Le Sud-Kivu est l’une de provinces dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) riche en gisements de métaux du groupe de l’étain, tungstène, niobium, tantale, terre rares, or et tant d’autres. En dépit de cela, la province reste en proie à un degré d’insécurité qui empêche des géants de l’industrie des métaux d’y investir.
L’exploitation minière dans cette province fait face à la recrudescence des mouvements rebelles. Elle est à majeur partie exercée par des coopératives ainsi que des entreprises étrangères à capitaux chinois dont la plupart, avec l’appui de certains dignitaires, opèrent en toute illégalité. C’est le cas de Tong Li Ressources, une firme chinoise opérant depuis quelques temps dans l’extraction de l’or dans le Maniema et Sud-Kivu.
Selon les informations recueillies auprès des sources locales, l’entreprise Tong Li Ressources Sarl, détentrice du permis de recherche (PR) 15158 aurait, depuis le mois de septembre dernier, commencé à exploiter de l’or dans la localité de Lumbwe, en territoire de Fizi dans la province du Sud-Kivu au moment où, révèle notre source, l’or ne figure pas dans son permis. L’entreprise agit donc en violation de textes légaux, notamment du Code et du règlement minier de la RDC.
« Nous connaissons beaucoup de problèmes par rapport à ces sociétés minières. Il y a des sociétés qui ont des permis de recherches mais qui réalisent leur exploitation en violation de toutes dispositions du Code minier et du règlement minier. En l’occurrence, nous avons le cas de l’entreprise Tong Li Ressources qui opère dans le Maniema et le Sud Kivu, juste à la frontière entre ces deux provinces. Au Sud Kivu, il y a un mois depuis que l’entreprise a commencé à exploiter. Ils exploitent de l’or au moment où dans son permis ce minerais ne figure pas», a décrié une source des instances judiciaires du Sud Kivu.
Tong Li Ressources, majoritairement detenue par des chinois, exercerait sous bonne couverture d’une figure emblématique du pouvoir de Kinshasa. Et pour assurer le bon fonctionnement de l’extraction de l’or et, bref, de cette entreprise dont il est actionnaire, ce parrain y a nommé Muyumba Martin Ndazwi et Ezekile Koya, tous deux aux postes de superviseurs.
Ces derniers assurent non seulement la supervision des opérations minières mais aussi de tout ce qui est relation extérieure, démarches administratives et autres. Lors d’une décente d’inspection effectuée la semaine dernière par les services compétents de la place, ces deux congolais avaient, haut et fort, affirmé que Tong Li Resources Sarl detenait plutôt un Permis de Recherche qui n’est pas à confondre avec le Permis d’exploitation et que des démarches d’obtention de ce dernier étaient déjà entamées.
Beaucoup de sociétés comme Tong Li Ressources Sarl extraient de l’or sans documents légaux et elles ne déclarent pas leurs bénéfices. Elles exploitent sans respect des normes environnementales, au point qu’il y a même des rivières qui se sont déséchées à cause des produits chimiques, notamment le mercure.
Pour le Gouverneur Jacques Pulusi du Sud Kivu, chacune des ces sociétés, estimée au nombre de 500 environ, exporterait au moins 100 kilos d’or le mois, dont le prix au marché international se situe entre 65.000 et 80.000 USD. « Ces sociétés exploitent au moins 100 kilos d’or par mois, par société, selon les enquêtes. Si vous calculez qu’un kilos d’or sur le marché mondial vaut entre 65.000 et 80.000 USD par kilos, on peut s’imaginer tout de suite ce que 500 sociétés retirent par mois, par an et ainsi de suite », réfléchit Jacques Pulusi, Gouverneur de la province du Sud-Kivu.
Et quand on imagine que ces entreprises chinois viennent installer leurs machines en violation du respect des normes environnementales, en détruisant les rivières avec leurs produits chimiques, la vie des communautés locales est totalement paralysée. Au mois d’Août dernier, le gouvernement provincial avait levée la decision portant sur la suspension des activités minières sur l’ensemble de la province. C’est par le biais de l’Assemblée provinciale que toutes les opérations minières étaient suspendues dans le but de remettre de l’ordre dans ce secteur et de préserver non seulement des vies humaines mais aussi la traçabilité des minerais.
O. MUKINZI