Depuis plusieurs mois, les rebelles de l’AFC/M23 soutenus par l’armée rwandaise, renforcent sensiblement leur influence dans la province du Sud-Kivu. Cette progression, matérialisée par la prise de contrôle de vastes zones, dépasse la simple logique d’occupation territoriale.
Selon un récent rapport du Groupe d’experts des Nations unies, consulté ce jeudi 18 décembre 2025 par Mines.cd, l’offensive en cours vise principalement à consolider l’accès aux ressources minérales et à sécuriser des corridors de transit stratégiques.
Le document révèle que « depuis fin avril, des renforts ont été observés dans des zones clés telles que Kamanyola, Katogota, Nyangezi, Luhwinja et Kaziba, notamment à travers des convois ayant franchi la frontière entre le Rwanda et la RDC ». Ces déploiements ont permis à la coalition AFC/M23–RDF de maintenir le contrôle de nœuds logistiques essentiels, notamment Kaziba, Katogota et le corridor Tubimbi–Luhwinja, tout en étendant ses opérations de la plaine de la Ruzizi aux Hauts plateaux.
Dans les Hauts plateaux de Minembwe, le soutien apporté à la milice tutsie MRDP-Twirwaneho répond à un objectif précis : sécuriser les chaînes d’approvisionnement vers les zones à forte concentration banyamulenge. Toutefois, les experts notent que « les avancées de l’AFC/M23 vers Uvira ont été contenues par les positions conjointes des FARDC et de la Force de défense nationale du Burundi (FDNB), qui défendaient la plaine de la Ruzizi ».
Cassitérite et coltan sous contrôle rebelle
Le rapport souligne qu’« après la prise de Nzibira, le 21 septembre — un carrefour stratégique du commerce minier dans le territoire de Walungu — l’AFC/M23 a verrouillé un point de transit majeur pour les minerais en provenance de Shabunda ». Il s’agit principalement de la cassitérite et du coltan extraits autour de Nzovu.
À la suite de cette expansion, près de la moitié de la production provinciale de cassitérite et de coltan, ainsi que plus des deux tiers de la wolframite du Sud-Kivu, proviendraient désormais de zones sous contrôle de l’AFC/M23. En revanche, l’essentiel de l’exploitation aurifère artisanale et semi-mécanisée demeure concentré dans les territoires de Shabunda, Mwenga et Fizi, encore sous contrôle des FARDC et des groupes Wazalendo.
Luhihi : une ruée vers l’or révélatrice
La localité de Luhihi illustre cette dynamique. La découverte de riches gisements sur le site de « Lomera » a entraîné une forte intensification de l’exploitation aurifère artisanale. L’imagerie satellitaire confirme l’expansion rapide des activités minières ainsi que l’émergence d’un nouveau village minier.
Selon des sources locales, plus de 5 000 mineurs artisanaux auraient travaillé sur le site de Lomera au cours du premier semestre 2025, exploitant plusieurs centaines de puits actifs.
Ces éléments confirment la dimension économique du projet de l’AFC/M23 et mettent en lumière sa stratégie de pérennisation du conflit afin d’assurer le financement durable de ses opérations.
Azarias Mokonzi




