Déjà préoccupé par l’occupation de son PE 591, avec l’implication d’éminents membres de la famille présidentielle dont le nom de la mère du Président Tshisekedi est nommément cité, Eurasian Resources Group – détenteur de plusieurs permis d’exploitations et d’explorations – voit ses actifs miniers menacés par Kinshasa.
En juillet dernier, l’administration Tshisekedi a envoyé une correspondance aux actionnaires d’ERG pour reprocher à la société de n’avoir pas généré les « milliards » d’investissements promis en 2022. De ce fait, Kinshasa affiche officiellement son intention de racheter certains des gisements de cuivre et de cobalt les plus prisés du pays.
ERG a déclaré dans son rapport annuel avoir renégocié, modifié ou résilié l’année dernière plus d’un milliard de dollars de lignes de crédit avec des banques russes à la suite des sanctions imposées à Moscou à cause de la guerre en Ukraine. Elle a déclaré à Bloomberg qu’elle prévoyait d’investir 2 milliards de dollars en RDC au cours des deux prochaines années.
La Gécamines, appuyée par le gouvernement, soutient qu’ERG a été trop lent développer les permis de cuivre et de cobalt à sa disposition – et cette société publique a déclaré en juin à ERG qu’elle souhaitait en reprendre une partie, selon une lettre consultée en juillet par Bloomberg et envoyée par le bureau du président congolais Félix Tshisekedi aux actionnaires d’ERG.
L’offre ne comprenait pas le projet clé de résidus de cuivre et de cobalt Metalkol d’ERG ni sa mine de cuivre Frontier, et aucun prix n’était mentionné dans la lettre. Il s’agit de la dernière tentative de la RDC et de la Gécamines de reprendre le contrôle de vastes gisements de minéraux utilisés notamment dans les batteries des véhicules électriques. Bien qu’elle fournisse environ 75 % du cobalt mondial et qu’elle soit un important producteur de cuivre, la plupart des mines de la RDC appartiennent à des intérêts étrangers. Les relations entre l’État et les mineurs ont également été tendues par des problèmes liés aux dommages environnementaux et au manque d’investissements locaux.
Jusque-là, l’ERG n’a pas confirmé que la Gécamines avait fait une offre d’achat de ses actifs ni si elle était intéressée à en vendre. Des pourparlers « sont en cours entre ERG et les représentants ou certains de ses affiliés en RDC, dans le but de maintenir des partenariats mutuellement bénéfiques », a-t-elle indiqué dans un communiqué ce mois-ci.
La Gécamines a déjà tenté de prendre le contrôle d’un des actifs de cuivre et de cobalt non exploités d’ERG. Dans une lettre consultée en février par Bloomberg, la société a déclaré à la filiale Africo Resources DRC Sarl d’ERG qu’elle annulait sa coentreprise Swanmines, non développée, et exigeait la restitution du permis pour la concession de Kalukundi en raison d’un manque de développement. Africo, d’ERG, conteste cette décision devant le tribunal arbitral de la Chambre de commerce internationale.
Les intérêts d’ERG en RDC comprennent également 18 permis près de la frontière zambienne et le contrôle d’un bail sur plusieurs décharges de résidus pouvant contenir plus de 2,5 millions de tonnes de cuivre et près de 230 000 tonnes de cobalt.
De nombreux accords miniers du pays ont été conclus il y a plus de dix ans, alors que le pays peinait à obtenir un financement après des années de guerre. Aujourd’hui, l’État fait pression pour obtenir de meilleures conditions.
Le gouvernement commence à appliquer des lois exigeant que les entreprises mettent en œuvre des plans de développement communautaire et réduisent également les dommages environnementaux. Les opérations de la société Boss Mining d’ERG, dans laquelle la Gécamines détient une participation, ont été suspendues en mai pour au moins trois mois en raison de préoccupations environnementales.