Dans la province de la Tshopo, au nord-est de la RDC, l’exploitation minière avance plus vite que la loi. Une enquête menée par deux organisations de défense des droits humains – Initiative pour la protection des droits de l’homme et la réinsertion sociale et Patrice Emery Lumumba pour le Développement Communautaire – révèle que sept entreprises actives dans l’or et le diamant opèrent sans aucun permis d’exploitation.
Durant plusieurs semaines, les enquêteurs ont arpenté les territoires de Bafwasende, Banalia, Basoko et Ubundu, zones où les découvertes de gisements se multiplient. Leur constat est sans appel : sur huit entreprises contrôlées, une seule dispose des autorisations requises.
Un rapport « produit en toute indépendance », précisent les ONG, mais qui soulève plus de questions qu’il n’en résout. « Notre équipe n’a pas eu accès aux dates d’acquisition des licences pour vérifier leur validité, alors que certaines entreprises mènent des activités industrielles depuis 2015 », y lit-on. Une opacité qui alimente des soupçons de fraudes à grande échelle.
Une protection haut placée
Si les organisations choisissent de ne pas dévoiler les noms des sociétés incriminées, elles affirment qu’il s’agit d’entreprises étrangères opérant sous la protection d’officiers militaires, de responsables provinciaux et même de personnalités nationales.
Un réseau qui, selon elles, neutralise les services de contrôle de l’État et ouvre la voie à un système parallèle d’exploitation minière.
« Ce cas illustre l’affaiblissement des services de contrôle face aux réseaux mafieux », dénonce le rapport, qui pointe une perte sèche pour les finances publiques et un manque criant de transparence dans une province encore peu structurée mais riche en ressources.
Vers des poursuites judiciaires ?
Les deux ONG affirment détenir suffisamment d’éléments pour que la justice puisse s’en saisir.
Pour elles, l’enjeu dépasse la Tshopo : il s’agit d’un test pour la gouvernance minière congolaise et la lutte contre la corruption, un domaine où les failles restent béantes malgré les réformes annoncées.
En attendant, dans les forêts profondes de la Tshopo, les pelles mécaniques continuent de tourner, comme si la loi n’avait jamais existé.
Azarias Mokonzi




