Au moment où ses bénéfices ont connu une baisse et que l’entreprise a été touchée par une « fraude massive au nickel », l’activité des métaux de la compagnie spécialisée dans le courtage et le transport des matières premières, Trafigura, connaissent désormais une forte pression depuis l’année 2022.
Faisant face à des interrogations sur sa succession, l’entreprise a connu des tensions à son sein, lesquelles ont été accentuées par le contraste avec ses négociants en énergie extrêmement rentables. En effet, la course de succession a été ouverte après que l’un des trois dirigeants de longue date de Trafigura, Mike Wainwright, a annoncé son intention de prendre sa retraite en 2024.
L’actuel concurrent direct de l’entreprise anglo-suisse Glencore Plc – pour la place honorifique du plus grand négociant de métaux au monde – a eu des discussions préliminaires sur l’entreprise avec plusieurs partenaires potentiels au Moyen-Orient et en Asie.
« Les discussions ont porté sur une variété d’accords possibles, allant de coentreprises sur de nouvelles acquisitions en passant par un investissement dans certains actifs métalliques de Trafigura ou d’autres formes de partenariat régional ou mondial », ont indiqué des sources proches du dossier, tout en insistant sur le fait que les discussions ne sont pas « concluantes ».
Les mêmes sources affirment également que « plusieurs parties étudient la possibilité d’une offre d’achat sur tout ou partie de l’unité métaux de Trafigura » ; toutefois, l’adhésion de Trafigura dans une telle approche demeure perplexe.
« Même si l’entreprise est ouverte à la vente de ses participations dans ses actifs, elle soutient depuis longtemps que le meilleur modèle pour ses activités commerciales est celui d’un partenariat détenu par ses salariés. Mais lors de plusieurs conversations récentes, des dirigeants ont indiqué qu’ils seraient peut-être disposés à envisager la possibilité d’ouvrir le secteur du négoce de métaux à des investisseurs externes », ont déclaré des sources internes.
« Nous restons pleinement engagés dans notre activité métallurgique »
La venue d’un nouveau partenaire détenant des ressources financières considérables donnerait à Trafigura, une puissance supplémentaire pour acheter des actifs tels que des mines ou des usines de transformation – considérés par beaucoup comme de plus en plus cruciaux pour sécuriser le flux de matières premières nécessaires à une activité commerciale mondiale.
« Nous restons pleinement engagés dans notre activité métallurgique, qui constitue un élément clé de notre stratégie de transition énergétique, et nous ne voyons aucune raison de commenter les rumeurs ou spéculations du marché », déclarait l’un des porte-paroles de l’entreprise.
En rappel, les tensions entre les secteurs de l’énergie et des métaux ne sont pas nouvelles pour Trafigura, mais elles ont enregistré une intensification depuis quelques mois. L’entreprise a enregistré des bénéfices records grâce à la crise énergétique déclenchée par l’invasion russe en Ukraine. Ledit bénéfice a été estimé à 9,9 milliards de dollars américains au cours des 12 mois précédants mars 2023.
En même temps, l’unité métallurgique de Trafigura peine à amasser de l’argent : « elle n’a enregistré quasiment aucun bénéfice d’exploitation sur la période de mars à septembre 2022 ».
« Depuis lors, elle a été touchée par la fraude présumée au nickel, qui a coûté à Trafigura près de 600 millions de dollars, ainsi que par un manque de liquidités dans un projet clé de cuivre-cobalt pour lequel Trafigura a dirigé un financement de 600 millions de dollars », ont renchéri des sources proches du dossier.
A titre d’exemple basé sur les chiffres recueillis auprès des états financiers de Trafigura, alors que l’activité métaux de l’entreprise représentait en moyenne 40 % du bénéfice total de l’entreprise entre 2012 et 2019, cette part est tombée à 23 % entre 2020 et 2022, et au cours des 12 mois jusqu’en mars 2023, elle n’était plus que de 6 %.