Selon les informations rendues publiques par le magazine d’actualité hebdomadaire français, Le Point, la Chine s’est totalement accaparée des ressources minières de la République démocratique du Congo, principal producteur mondial de cobalt, avec 70% des réserves de ce minerai nécessaire à la fabrication des batteries électriques.
Actuellement, la Chine détient, entre ses mains, la majorité des mines de cobalt dans le pays en contrôlant 15 des 19 importants carrés miniers.
Face à cette situation, le président du conseil d’administration de la Générale des carrières et des Mines (Gécamines), Guy-Robert Lukama, qui s’est confié à Le Point à Abidjan, en Côte d’Ivoire, n’a pas caché son intention de diversifier les partenariats dans le secteur minier.
« Je souhaite que les européens, et notamment les français, réinvestissent chez nous » a-t-il dit, tout en affirmant que la visite officielle du président français, Emmanuel Macron, à Kinshasa, « n’a pas donné de suite fructueuse quant au secteur minier, enjeu important de la transition énergétique dans le monde ».
L’Union européenne, qui a décrété la fin des voitures thermiques en 2035, n’a pas de plan concret pour assurer son autosuffisance en métaux alors qu’un partenariat fiable avec la RDC pourrait l’aider à atteindre ses objectifs écologiques. De ce fait, les constructeurs automobiles européens tels que Stellantis ou Renault dépendent exclusivement de la Chine, qui contrôle la moitié des métaux nécessaires aux batteries et 90% des aimants, pour son approvisionnement en métaux.
Croissance de la demande des métaux
Selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie, le monde consommera jusqu’à 40 fois plus de lithium, 25 fois plus de graphite et 20 fois plus de cobalt et de nickel en 2040. Cette décarbonation augmentera la demande de métaux sur le marché mondial. De ce fait, la Chine, prévoyante, a orienté sa politique énergétique vers l’Afrique, qui concentre un tiers des ressources minérales du monde. Ainsi, elle investit dans de nombreux pays, notamment la RDC, où elle exploite le cobalt, le coltan et le cuivre ; l’Afrique du sud pour le cuivre, l’or, la bauxite et le platine ; la Zambie, où elle extrait le cuivre et le cobalt ; la Namibie pour le lithium et uranium ; le Zimbabwe pour le nickel, le lithium et le diamant ainsi que le Mozambique pour le cuivre, le graphite et le titan.
Pourquoi la Chine, presque invisible en Afrique à la fin du 20ème siècle, a-t-il accru sa présence en un temps record ? Selon Le Point, quelques raisons principales explique cette situation.
Tout d’abord, même s’ils sont les premiers producteurs de métaux rares au monde, les chinois ont des besoins immenses chez eux, explique Jean-Claude Diplo, directeur de la filiale ivoirienne de l’entreprise australienne Allied Gold. Entre 1999 et 2015, les chinois ont construit chaque année l’équivalent de tout le secteur urbain de l’Australie, pour répondre aux besoins d’environ 22 millions de ruraux qui devenaient des citadins.
Par ailleurs, les occidentaux leur ont sous-traité le raffinage, trop polluant, trop polémique aussi, mais également les tensions géopolitiques incitent la Chine à diversifier ses approvisionnements. A ce jour, Pékin ne peut plus obtenir des ressources fiables d’Amérique du Nord, d’Australie et du reste de l’Occident, décrypte dans une note Shirley Ze Yu, une enseignante de la London School of Economics, qui affirme aussi que « l’Afrique est devenue de plus en plus essentielle à sa sécurité stratégique ».