En République démocratique du Congo, chaque jour, des dizaines d’enfants se rendent dans les différents sites miniers du centre urbain de Kipushi – province du Haut-Katanga – où, ils se livrent à l’exploitation minière artisanale pour subvenir aux besoins de leurs familles respectives. Une réalité qui contraste les efforts des autorités qui tentent à tout prix d’éradiquer ce phénomène.
Ce matin du samedi 30 décembre 2023, Martin et six de ses amis sont dans les sites miniers de Kipushi Corporation, situés à 30 kilomètres de la ville de Lubumbashi, à la recherche de bornite, un minerai semblable au cuivre mais de faible teneur servant à produire de câbles électriques, de tuyaux, d’équipements électroniques, de pièces de monnaie et dans la construction.
Depuis cinq années conservatrices, Martin, âgé de seulement 12 ans, sac-poubelle à la main, babouches en lambeaux, culotte déchiré et surtout sans équipement approprié, travaille dans ces sites miniers pour « survivre » dit-il, mais son labeur n’a jamais été facile : « Je cherche les traces des minerais. Je dois concasser ces pierres pour extraire la bornite », raconte-t-il. « Mais, je dois passer toute une journée à rassembler une quantité suffisante pour vendre », a-t-il confié.
Comme lui, des dizaines d’enfants viennent régulièrement rôder dans ces sites miniers pour ramasser le même minerai. Un travail lourd mais qui souvent ne rapporte pas gros : « On nous achète le kilo à 500 Francs congolais » explique Martin.
« Cet argent m’aide à subvenir à mes besoins. Par exemple, acheter mes habits, et quelques fournitures scolaires ou ce qui manque pour l’école […] Mes parents travaillent dans le champ, ils ne gagnent pas beaucoup. Je dois les aider également », a-t-il poursuivi.
En effet, la présence de ces enfants dans les sites miniers est surtout renforcée par le manque de travail adéquat des parents, qui n’ont que les champs, activité commerciale saisonnière, comme source des revenus principale. Ainsi, si pour Jérémy, 11 ans, un autre enfant mineur, ses parents ne sont pas au courant de son travail dans les mines, Nathan et Jean y sont contraints.
« Celui qui ne travaille pas, ne mange pas chez nous. C’est ce qui me fait venir ici. Ma mère vend les graviers, ça ne lui rapporte pas assez. Je viens chercher les minerais pour l’aider dans les petites dépenses », confie Jean, continuant à concasser les pierres.
« Les enfants viennent nombreux ici, que ce soit pendant les jours d’école ou pendant les vacances. Vue la situation sociale, on ne peut pas tous les interdire », fait remarquer Jacques, un creuseur artisanal, qui a vu à la baisse sa production journalière depuis la relance des activités de Kico sur cette mine de zinc-cuivre.
Selon lui, un comité local des creuseurs artisanaux avait interdit le travail d’enfants dans les mines pendant les jours d’école mais cette disposition n’a jamais été appliquée comme décidé. « Il faut de nouvelles mesures car les enfants sont exposés à des maladies. Ce n’est pas approprié pour eux », a-t-il expliqué.