Les habitants de Kinsenda, en territoire de Mutshatsha dans la province du Lualaba, font face à un désastre écologique qui a rendu « difficile » voire « impossible », les activités agricoles dans cette localité, et ce, depuis 2016. À la base, les rejets toxiques de la société minière Mutanda Mining (Mumi), une filiale de Glencore, qui ont détruit la terre, la rendant « infertile ».
Exploitant les minerais de cobalt et de cuivre dans le village de Tshikala, situé à une trentaine kilomètres de la ville de Kolwezi, chef-lieu de la province du Lualaba, la société minière mise en cause n’a jamais reconnu son implication dans cet impact environnemental majeur, pendant que les riverains déplorent que leur principale source de survie est sacrifiée.
« Des champs abîmés »
À proximité des installations de Mutanda Mining au quartier Kinsenda, se tient en face une étendue d’à peu près 500 à 800 mètres. Ici, les villageois ont cultivé du maïs, légumes ou encore manioc, toutes les tentatives ont échoué au cours de 8 dernières années. À la base, la détérioration de la terre causée par des déchets acidifiés et/ou des rejets toxiques de la filiale de Glencore, a appris MINES.CD des sources locales.
« Les produits chimiques de Mumi (Mutanda Mining, ndlr) ont détruit nos champs dans notre village », a déclaré Lucien Muteba, chef de ce quartier. « Tous nos champs sont abîmés à cause des déchets miniers toxiques de l’entreprise qui ont attaqué la terre créant une infertilité », a-t-il révélé en pointant du doigt les champs touchés.
Quelques pas plus loin, des champs de maïs sont en ruine, pourtant en pleine saison de pluie, des feuilles mortes sont visibles malgré l’utilisation des engrais chimiques. :« Depuis que leurs activités minières ont commencé, la terre d’ici n’a plus de fertilité, il est devenu difficile de cultiver », a expliqué Jeff Ngoyi, un infirmier dans un centre hospitalier de référence du village.
« Mumi a refusé de payer des amendes »
Contraint par ce désastre environnemental face auquel ils n’ont aucune solution, les villageois ont délocalisé leurs champs dans des longues distances entre 18 à 20 km. Cette situation entraîne l’augmentation du coût de transport devenu un casse-tête, créant un sentiment de frustration au sein de la communauté dont Mutanda Mining n’a pas payé des indemnités, alors que l’impact continue d’accroître.
« Malgré nos multiples relances et plaintes, la société n’a jamais reconnu ses responsabilités et a refusé d’indemniser les habitants touchés », a ajouté le Chef de quartier de Kinsenda. « C’est comme si Mutanda a pris gratuitement nos terres, nous forçant de fuir le problème de pollution qu’elle a engendré », a-t-il déploré.
Pour sa part, Félix Tambwe, coordonnateur des forces vives de la société civile du Lualaba, a déclaré :« C’est au niveau de l’agence nationale de l’environnement ou du Gouvernement de prendre des sanctions prévues quant à la destruction de la terre, mais à titre des dommages, la société doit en principe payer des amendes ».
La communauté déplore la non assistance de l’État
Au sein de la communauté locale, les habitants déplorent également le manque d’assistance par le pouvoir public au Lualaba. Les riverains ont l’impression que les autorités sont complisses. La santé de labpopulation est mise à rude épreuve au profit des intérêts de la filiale de Glencore. « Nous avons déjà signalé ce problème aux autorités provinciales dont une commission chargée de régler cette situation était venue constater. Mais, triste est de voir qu’elle a protégé la société contre nous, après avoir reçu des enveloppes (corruption avec l’argent)», a déploré un membre de la communauté.
« C’est la faiblesse justement du pouvoir », tranche la société civile du Lualaba interrogée à ce sujet par notre rédaction. « Les textes existent pour traiter tous ces cas, mais il y a un problème de leur application, c’est ce qui nous pénalise.»
Dans ce village de quelques centaines d’habitants, il n y a pas que la terre qui est touchée. L’air est également concernée par la pollution dûe aux activités minières de l’entreprise, même si à ce stade, le constat reste à confirmer par une analyse environnementale. Cependant, des cas ont déjà été rapportés notamment au centre hospitalier de référence.
« On n’a pas de mécanismes pour vérifier l’état de l’air. Mais, nous recevons et traitons plusieurs cas de personnes souffrant de toux fréquente. Cela peut être dû aux activités minières de Mumi. Seulement, nous ne pouvons pas l’affirmer sans des données scientifiques solides », a confié une infirmière qui a requis l’anonymat.
C’est donc une affaire à suivre. Nous allons poursuivre avec la deuxième partie de ce dossier. Nos efforts pour obtenir la réaction de Mutanda Mining n’ont pas produit les effets escomptés. Nous allons y revenir.