À Lubumbashi, lors de la 9ᵉ édition d’Expo Béton, le ministre des Mines a plaidé pour une transformation locale accrue des ressources minières et une meilleure exploitation des corridors logistiques comme leviers de souveraineté économique.
Par Junior Ngandu
Dans une province du Haut-Katanga en pleine effervescence, l’édition 2025 d’Expo Béton s’est imposée comme un rendez-vous incontournable du calendrier économique congolais. Organisée du 16 au 19 avril 2025 dans le tout nouveau siège de l’Assemblée provinciale à Lubumbashi, la manifestation rassemble décideurs publics, investisseurs et opérateurs privés autour d’un thème éminemment stratégique : « Les corridors sud de la RDC-SADC : projets à développer et opportunités d’affaires ».
Parmi les voix les plus attendues, celle du ministre des Mines, Kizito Pakabomba, s’est distinguée lors d’un panel de haut niveau. Dans une intervention aussi technique que politique, il a jeté les bases d’une réflexion sur les modèles d’intégration logistique en Afrique centrale, en comparant notamment les approches de la RDC et de l’Angola.
Deux modèles, deux vitesses
« Le développement des corridors ne saurait être un simple enjeu de transit », a insisté le ministre. Et pour cause : du côté congolais, les infrastructures logistiques demeurent largement sous contrôle public, impliquant des montages financiers souvent complexes et chronophages. À l’inverse, le modèle angolais repose sur des concessions au secteur privé, favorisant une rapidité d’exécution et une capacité d’attraction de capitaux étrangers bien plus soutenue.
Ce contraste, selon Kizito Pakabomba, oblige la RDC à revoir son approche. Non pas pour copier, mais pour adapter. « Nous devons structurer des partenariats public-privé robustes et sécuriser les conditions d’investissement », a-t-il martelé.
De l’export brut à la chaîne de valeur
Au cœur de son plaidoyer : l’urgence de transformer localement les minerais. Pour le ministre, il ne s’agit plus simplement d’interdire l’exportation de concentrés bruts — une mesure déjà amorcée —, mais d’engager une véritable mutation industrielle. Celle-ci passerait par trois axes :
- Un cadre réglementaire renforcé, notamment à travers les obligations de contenu local prévues par le Code minier ;
- La création de zones économiques spéciales, en particulier à Kolwezi, pour attirer des industries de transformation ;
- L’implantation d’unités métallurgiques et de production de composants pour batteries électriques, afin d’intégrer pleinement les chaînes de valeur mondiales dans un contexte de transition énergétique.
Un levier pour l’industrialisation… et l’agriculture
Plus largement, Kizito Pakabomba a élargi le champ de la discussion en y intégrant la question de la diversification économique. À ses yeux, les corridors logistiques ne doivent pas se limiter à l’exportation minière. « Ils peuvent — et doivent — servir à désenclaver les zones agricoles, à favoriser l’émergence d’une agro-industrie locale, et à créer de nouveaux pôles de développement », a-t-il soutenu.
Un discours en ligne directe avec la vision du président Félix Tshisekedi, qui a ouvert officiellement cette édition d’Expo Béton. Le chef de l’État avait déjà appelé à faire des infrastructures un moteur de croissance inclusive et de création d’emplois durables.
Une vision, des défis
Si les ambitions sont claires, les obstacles ne manquent pas : climat des affaires perfectible, accès difficile à l’électricité, lenteurs administratives. Autant de défis que le gouvernement devra affronter pour concrétiser cette stratégie de transformation structurelle.
Mais en affirmant la nécessité d’un virage vers une économie industrielle ancrée localement, Kizito Pakabomba trace une ligne de conduite que le secteur privé et les bailleurs internationaux scruteront de près.