Un large front d’organisations de la société civile, regroupées au sein du Comité de crise pour la paix et la sécurité en RDC (CCPS-RDC), appelle à une refonte complète du secteur minier et à des sanctions internationales ciblées contre les auteurs du pillage des ressources naturelles de la République démocratique du Congo. Cette revendication découle du Dialogue national sur la gouvernance minière, récemment tenu à Kinshasa.
À l’issue de cette rencontre citoyenne, un consensus fort s’est dégagé : la paix durable en RDC passe par une justice économique et une gouvernance responsable des ressources minières. « Il existe une économie criminelle florissante aux frontières de notre pays, alimentée par le trafic illicite de minerais. Cela alimente les conflits et détruit notre tissu social », a dénoncé Patient Bashombe, modérateur principal du CCPS-RDC.
Réformer la loi minière et imposer des sanctions
Les participants ont plaidé pour une révision en profondeur de la loi minière et la mise en place d’une véritable politique nationale dédiée au secteur, afin d’assurer une exploitation responsable, équitable et souveraine des ressources naturelles du pays.
Le CCPS-RDC appelle également à une diplomatie citoyenne proactive, visant à obtenir des sanctions internationales contre les pilleurs de minerais et les pays complices. L’organisation recommande notamment des embargos ciblés sur les minerais exportés depuis certains pays voisins, à l’instar du Rwanda, soupçonné de jouer un rôle central dans les circuits de trafic illicite.
Un soutien diplomatique salué
Présente à ce dialogue, la représentante de l’ambassade d’Allemagne en RDC, Angelika Friedrich, a salué l’engagement de la société civile congolaise. « Les ressources minières de la RDC représentent un immense potentiel de développement. Il est crucial que leur gestion soit transparente, inclusive, et que les voix citoyennes soient pleinement prises en compte », a-t-elle déclaré.
Pour sa part, la Première ministre Judith Suminwa, qui a officiellement lancé les travaux, a rappelé l’importance du rôle de la société civile dans la construction d’une gouvernance minière éthique, seule voie vers une paix durable dans un pays profondément marqué par des décennies de conflits liés aux ressources naturelles.
Ce consensus inédit traduit la volonté croissante des organisations citoyennes d’influencer les décisions politiques, face aux enjeux économiques et géopolitiques qui entourent l’exploitation des minerais stratégiques de la RDC.
Pierre Kabakila