Malgré l’appel à la mobilisation lancé par le président de la République Félix Tshisekedi pour faire face à l’agression rwandaise, de nouveaux groupes armés continuent de proliférer dans la province de l’Ituri. Si certains se réclament patriotes, prêts à combattre aux côtés des FARDC, d’autres s’installent dans des zones riches en ressources minières, notamment en or, pour en tirer profit. Le territoire de Mambasa en est une illustration dramatique.
La prolifération des groupes armés sous fond d’or
Dans une région déjà fragilisée par la présence des terroristes islamistes de l’ADF, le territoire de Mambasa, riche en or, voit se multiplier les groupes armés. Officiellement créés pour soutenir l’armée congolaise contre l’ennemi, ces milices se livrent en réalité à une guerre d’intérêts autour de l’exploitation aurifère artisanale.
« Nous assistons à une prolifération de groupes armés à Mambasa. Ils s’installent principalement dans les zones minières pour en exploiter les ressources, alors qu’ils affirmaient vouloir combattre les ADF », dénonce Rams Malikidogo, acteur de la société civile locale et cadre d’une ONG de défense des droits humains, interrogé par MINES.CD.
L’exploitation illégale des ressources, moteur des violences
Les affrontements entre ces miliciens ne sont pas motivés par des idéaux nationalistes mais par la volonté de contrôler des carrés miniers. Les conflits intergroupes sont fréquents, attisés par la convoitise de l’or et le manque de présence effective de l’autorité de l’État.
Au-delà du contrôle des gisements, ces groupes imposent également des taxes illégales sur plusieurs axes routiers stratégiques, transformant les routes en véritables couloirs d’extorsion. Sur les trajets Biakato–Kawame, Biakato–Central, Biakato–Nyahongo, Makumo–Mapili, Makumo–Mantumbi ou encore Mahu–Ekatu, chaque passager doit verser 2 000 FC pour garantir sa sécurité.
Une absence de résultats face aux ADF
Paradoxalement, ces groupes armés n’ont à ce jour neutralisé aucun combattant ADF, malgré leur justification initiale. « Aucun ADF n’a été éliminé par ces miliciens. Pourtant, ils prétendaient avoir été créés dans le but de protéger la population. Ce sont plutôt eux qui constituent désormais une nouvelle menace », regrette Rams Malikidogo.
Il déplore que ces milices profitent de la faiblesse actuelle de l’État pour instaurer un climat de terreur et de prédation. « Tout ce que nous demandons, c’est la paix. Il est urgent que l’État reprenne le contrôle de cette zone. »
Appel à une réponse étatique ferme
Face à cette situation, les voix de la société civile appellent à la réglementation stricte du secteur minier artisanal dans cette partie de la RDC, considérée comme l’une des causes majeures de la prolifération des groupes armés.
« L’État doit cesser de sous-traiter ce secteur stratégique. Il faut une reprise en main des ressources naturelles et un déploiement efficace des FARDC pour traquer ces miliciens. Il est temps de restaurer l’autorité de l’État », a conclu cet activiste.
Azarias Mokonzi