Dans le cadre d’une conférence-débat organisée par l’ASBL Congo Virtuose à Lubumbashi ce samedi 9 août 2025, sur le thème central « 65 ans après l’indépendance de la RDC : Qui est le bourreau de la RDC ? », l’ingénieur civil des mines et lobbyiste stratège Coutumier Salumu a livré une intervention incisive sur la question : « À qui appartiennent les minerais congolais ? »
La loi est claire : les minerais appartiennent à l’État
D’entrée de jeu, Coutumier Salumu a rappelé que la Constitution congolaise, le Code minier et règlement minier, reconnaissent à l’État, au nom du peuple, la souveraineté sur toutes les ressources naturelles.
Pour ce faire, il a évoqué l’article 9 de la Constitution congolaise, qui stipule que « l’État exerce une souveraineté permanente sur les ressources naturelles du sol et du sous-sol ».
Mais, a-t-il martelé, « si nous en sommes les propriétaires légaux, pourquoi le peuple ne profite-t-il pas de cette richesse ? »
La réalité : une exploitation par d’autres
Sur le terrain, le constat est amer : la majeure partie des minerais est contrôlée et exploitée par des entreprises étrangères, souvent dans des conditions opaques. Les contrats léonins, le manque de traçabilité et l’absence de retombées économiques pour la population accentuent ce qu’il qualifie de « dépossession organisée ».
« Nous sommes propriétaires sur papier, mais dépossédés dans la réalité », résume-t-il.
Comment en est-on arrivé là ?
Pour l’intervenant, l’histoire et la politique expliquent cette situation. Depuis l’indépendance, une partie de l’élite congolaise, complice d’intérêts étrangers, a privilégié ses gains personnels au détriment de l’intérêt général.
« Le secteur minier est devenu un champ de prédation, d’enrichissement rapide, où certaines multinationales sont plus puissantes que nos propres institutions », dénonce-t-il.
Le vrai bourreau : l’absence de souveraineté économique
Selon Coutumier Salumu, il ne suffit pas d’accuser l’étranger ou l’héritage colonial. Le principal problème est l’incapacité collective à bâtir un modèle congolais de gestion des ressources, par et pour les Congolais.
Il plaide pour une rupture avec la dépendance économique et un retour à un contrôle souverain du secteur minier.
Des réformes pour un contrôle réel
En conclusion, l’ingénieur Coutumier Salumu propose cinq axes pour que les minerais profitent enfin à la population :
- Réduire l’influence politique dans les nominations aux postes clés du secteur minier.
- Renégocier les contrats dans la transparence.
- Renforcer les entreprises publiques du secteur.
- Former une élite patriotique, capable de résister à la corruption et aux pressions étrangères.
- Adopter une politique minière souveraine, axée sur le développement national plutôt que l’exportation brute.
« Les minerais appartiennent aux Congolais, oui. Mais tant que nous ne les contrôlons pas réellement, cette propriété restera un rêve », a-t-il conclu.
Junior Ngandu