Les organisations de la société civile engagées dans le processus de Kimberley tirent la sonnette d’alarme sur la gouvernance du diamant en République démocratique du Congo. Réunies à Kinshasa du 29 au 30 août 2025, elles ont demandé au gouvernement de renforcer les mécanismes de transparence et de contrôle dans la filière, en particulier dans le secteur artisanal.
Traçabilité défaillante et interférences politiques
Selon ces acteurs, la faiblesse du déploiement du Saemape (Service d’assistance et d’encadrement de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle) sur les sites d’exploitation compromet la traçabilité du diamant artisanal. Ils pointent également du doigt l’ingérence de certaines autorités provinciales, accusées d’alimenter la fraude.
Les organisations réclament que des sanctions exemplaires soient prises contre les récidivistes et que le gouvernement mette un terme à ces interférences.
Le cas du diamant vert de Lomami
La question du diamant vert émeraude de 75 carats, découvert dans la province de Lomami, a été citée comme emblématique des tensions autour de la gouvernance minière. La société civile exige que ce bien soit restitué à son propriétaire, Albert Ngoy Builu, et que le coordonnateur provincial du Saemape à Kabinda, suspendu dans ce dossier, soit réhabilité.
Des réformes attendues
Parmi les propositions formulées figurent : l’ouverture de nouveaux points de sortie pour les diamants ; l’installation du Centre d’expertise, d’évaluation et de certification (CEEC) dans les provinces issues du découpage territorial ; l’indemnisation des victimes de la pollution de la rivière Kasaï, causée par la société angolaise Catoca Mining.
Enfin, les participants ont insisté sur la nécessité d’intégrer davantage de femmes dans la chaîne d’approvisionnement et de garantir des chaînes « responsables ». Ils appellent l’État congolais à un engagement ferme afin que le secteur diamantifère cesse d’être une source de conflits et devienne un moteur de développement local.
Pierre Kabakila