Au cœur de l’Est de la République démocratique du Congo, un litige entre l’entreprise publique SAKIMA et une coopérative minière locale placée sous sanctions américaines bloque l’exploitation d’un gisement majeur de tantale, métal indispensable aux technologies de pointe. Cette querelle pourrait freiner les ambitions des États-Unis de sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques.
Un bras de fer judiciaire
Selon des informations publiées par Bloomberg News, la Société aurifère du Kivu et du Maniema (SAKIMA), entreprise publique congolaise, est opposée à une filiale de la Coopérative des artisans miniers du Congo (CDMC), sanctionnée par Washington.
La Cour administrative suprême a récemment donné raison au CDMC, remettant en cause les droits miniers officiellement attribués à SAKIMA et fragilisant un projet d’accord minier entre Kinshasa et Washington.
Le gouvernement congolais en désaccord
Kinshasa continue d’affirmer que SAKIMA détient légalement le permis d’exploitation de Rubaya. Mais les récentes décisions de justice ont annulé plusieurs décrets ministériels qui supprimaient la concession, renforçant ainsi la position du CDMC et de sa coentreprise Congo Fair Mining (CFM).
À cette bataille juridique s’ajoute une réalité sécuritaire : la zone minière de Rubaya reste sous le contrôle des rebelles du M23, ce qui limite tout accès physique au site. Une situation qui complique les efforts diplomatiques américains, alors que Washington cherche à investir dans les minerais stratégiques congolais.
Pour les États-Unis, qui veulent réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine, la RDC représente une alternative clé, avec ses immenses réserves de tantale, cuivre, cobalt et lithium. Mais l’incertitude juridique et sécuritaire autour de Rubaya menace le projet d’« industrialisation de Rubaya », présenté comme stratégique pour la stabilité régionale et le développement des technologies avancées.
Daniel Bawuna