Un an après la mise en service de son laboratoire moderne au centre de négoce de Musompo, aux portes de Kolwezi, le Centre d’Expertise, d’Évaluation et de Certification des Substances Minérales Précieuses et Semi-Précieuses (CEEC) s’affirme comme un acteur clé de la traçabilité et de la juste valorisation des minerais issus de l’exploitation artisanale.
À Musompo, la transparence s’installe
Sur la route qui mène au centre de négoce de Musompo, à une dizaine de kilomètres de Kolwezi, les pick-up chargés de sacs de minerais côtoient les petits camions venus du Katanga profond. Ici, depuis un an, un bâtiment flambant neuf, change peu à peu les règles du jeu : le laboratoire du CEEC.
Pour Krystian Ilunga Kazadi, chef de division financière du CEEC/Lualaba, l’impact est déjà mesurable :
« Ce laboratoire permet désormais à tous les opérateurs de connaître la composition réelle de leurs minerais lors de l’exportation et du transfert. »
Cette avancée technologique, ajoute-t-il, marque une rupture dans la manière dont la valeur des minerais est calculée, réduisant les marges d’erreur — et surtout les injustices — dans un secteur longtemps dominé par l’opacité.
Rééquilibrer le rapport de force

Conçu pour accompagner le centre de négoce et servir directement les exploitants artisanaux, le laboratoire de Musompo vise un objectif clair : redonner aux creuseurs et aux coopératives une part équitable de la richesse qu’ils extraient du sous-sol.
« Ce laboratoire a été installé pour permettre aux creuseurs, négociants et coopératives de connaître la valeur réelle de leurs produits », explique Krystian Ilunga.
En d’autres termes, il s’agit d’un outil de justice économique. Car dans un secteur où les prix sont souvent fixés sans base scientifique claire, les exploitants artisanaux restaient les grands perdants du système. Désormais, grâce aux analyses du CEEC, ils disposent d’un argument technique et d’une transparence qui rééquilibrent les discussions commerciales.
Des services de proximité à coût symbolique
Si certains opérateurs restent encore hésitants à recourir à ce service, le CEEC mène une campagne de sensibilisation active, notamment à travers les radios communautaires, pour encourager son utilisation.
Et le coût, souvent évoqué comme un frein, ne tient pas :
« Ce n’est pas un problème de prix, ça ne coûte pratiquement rien », assure le responsable du CEEC.
L’installation du laboratoire sur place a aussi permis de réduire considérablement les délais d’expertise. Les différentes administrations collaborent désormais de manière fluide, accélérant les transactions et renforçant la confiance des acteurs économiques.
Un modèle en expansion
Le succès de Musompo a inspiré une nouvelle stratégie d’expansion. Des projets similaires sont en préparation à Lubumbashi, Kipushi, et dans d’autres provinces minières.
« La vision des autorités, c’est que les laboratoires du CEEC soient présents partout où nous sommes représentés », a assuré Krystian Ilunga.
Objectif : rapprocher l’expertise de ceux qui produisent la richesse du pays, tout en instaurant une culture de traçabilité et de conformité.
Le CEEC, levier d’un marché plus juste

Créé pour encadrer l’expertise et la certification des substances minérales précieuses et semi-précieuses, le CEEC s’impose progressivement comme un pilier de la gouvernance minière en République démocratique du Congo.
Dans un contexte mondial où la demande en cobalt, cuivre et or explose, sa mission dépasse la simple analyse technique : elle participe à la lutte contre la fraude, à la traçabilité des chaînes d’approvisionnement et à la valorisation du travail artisanal.
En ancrant la transparence dans les pratiques du secteur, le CEEC ne se contente plus d’être un régulateur administratif. Il devient un instrument stratégique de redevabilité économique et de protection des intérêts nationaux, au cœur d’une industrie qui façonne l’avenir énergétique du monde.
Olito Mukinzi