À Lubumbashi, la rivière du même nom est devenue le symbole d’un drame environnemental qui indigne la société civile. Deux ONG, Mazingira Pour Tous et Resource Matters, ont tiré la sonnette d’alarme à travers un communiqué parvenu à MINES.CD ce vendredi 7 novembre 2025, dénonçant une pollution à grande échelle causée par la rupture, trois jours plus tôt,d’un bassin de rétention d’effluents acides appartenant à la société chinoise Congo Dongfang Mining (CDM), dans le quartier Kasapa.
Selon leur communiqué, les eaux contaminées se sont déversées dans les rues, les habitations et jusque dans la rivière Lubumbashi, provoquant la mort de poissons et la destruction de plusieurs zones d’habitat. Les ONG évoquent un risque sanitaire majeur : troubles respiratoires et neurologiques, lésions cutanées, brûlures, voire risques de cancers liés à l’exposition prolongée aux métaux lourds contenus dans les effluents.
« Malgré ces dangers, les habitants continuent de circuler à pied dans ces eaux acides », déplorent les organisations.
Des antécédents préoccupants
Ce n’est pas la première fois que CDM, filiale du géant chinois Huayou Cobalt, se retrouve au cœur d’un scandale environnemental. Plusieurs incidents similaires ont été signalés dans le passé par RAID, Afrewatch et Mazingira Pour Tous, sans qu’aucune sanction exemplaire n’ait été appliquée. Pour les ONG, cette répétition traduit à la fois « l’impuissance des services étatiques » et « les négligences récurrentes des entreprises minières » opérant dans la région.
Une suspension jugée insuffisante
La suspension des activités de CDM pour trois mois, décidée par le ministre des Mines Louis Watum Kabamba, est saluée mais jugée insuffisante. Les ONG réclament une décontamination immédiate des zones touchées, un examen médical systématique des habitants exposés, l’indemnisation des familles affectées, et surtout, la publication d’un rapport transparent sur les causes et les conséquences de l’incident.
Pour une gouvernance environnementale rigoureuse
Mazingira Pour Tous et Resource Matters appellent également à la création d’un mécanisme permanent de surveillance environnementale, incluant les communautés locales. Elles exhortent le gouvernement à faire respecter le Code minier, notamment l’obligation pour chaque entreprise de rendre publiques ses Études d’Impact Environnemental et Social (EIES).
Les deux ONG recommandent enfin un audit environnemental global du secteur minier, y compris de l’exploitation artisanale, souvent laissée sans contrôle.
Un signal d’alarme pour la santé publique
Les autorités provinciales, la Direction de la Protection de l’Environnement Minier (DPEM) et l’Agence Congolaise de l’Environnement (ACE) sont appelées à diligenter une enquête indépendante. En attendant les résultats, les ONG invitent la population à éviter toute consommation de poisson ou d’eau provenant de la rivière Lubumbashi.
« Il est urgent que la santé publique et la protection de l’environnement priment sur tout intérêt économique », conclut le communiqué, appelant à transformer cette tragédie en électrochoc pour la régulation du secteur minier congolais.
Pierre Kabakila




