La scène se répète dans les collines du Sud-Kivu, mais avec une intensité nouvelle. Depuis plusieurs jours, le site minier de Karhembu, niché dans la localité de Bwahungu, se vide progressivement de ses exploitants étrangers. Les ressortissants chinois, nombreux à y extraire de l’or dans une zone contrôlée par des éléments du M23, ont entamé une retraite précipitée après une série de frappes aériennes menées par les Forces armées de la RDC (FARDC).
Le 20 novembre, ces exploitants ont été pris de court lorsque l’aviation congolaise a ciblé leur site, identifié depuis longtemps comme l’un des principaux foyers de financement de la rébellion. « Ils ont tout abandonné : machines, campements, matériel. Ils ne pensent plus qu’à fuir », rapporte une source indépendante, présente dans la zone.
Un site stratégique réduit au silence
Selon plusieurs recoupements locaux, les frappes auraient été meurtrières. Des combattants du M23 mais aussi des citoyens chinois travaillant illicitement dans la mine auraient perdu la vie. Les blessés – civils comme rebelles – auraient été transférés en urgence à Bukavu, confirmant l’ampleur de l’opération militaire.
Karhembu n’est pas une mine comme les autres. Les services congolais la considèrent comme l’un des poumons économiques du mouvement rebelle, grâce à l’or arraché clandestinement au sol congolais puis acheminé vers le Rwanda. Pour l’armée, neutraliser ce centre de production revient à assécher une partie vitale de l’économie de guerre du M23.
Une stratégie militaire qui s’accélère
La mine de Karhembu est la troisième infrastructure aurifère ciblée par les FARDC en moins de deux mois. En octobre, l’usine de Twangiza Mining avait déjà été frappée par une opération similaire. Une méthode assumée par les forces loyalistes, qui ambitionnent de multiplier les actions « chirurgicales » pour priver la rébellion de ses ressources.
Derrière ces opérations, un message clair : malgré les contraintes diplomatiques, les tensions régionales et la présence d’intérêts économiques étrangers, Kinshasa entend reprendre la main. « Les départs massifs de ressortissants chinois le confirment : la pression militaire porte ses fruits », commente une source sécuritaire.
Au Sud-Kivu, les mines longtemps considérées comme des zones hors de contrôle passent ainsi graduellement sous surveillance accrue, au prix d’opérations de plus en plus audacieuses. Reste à savoir si cette stratégie d’asphyxie financière suffira à infléchir durablement les capacités d’un mouvement rebelle bien enraciné dans la région.
Azarias Mokonzi




