La transformation au Rwanda de minéraux provenant en partie de la République démocratique du Congo et qui sont par la suite réexportés vers les marchés internationaux, continue de faire pulvériser les chiffres d’affaires du pays de Paul Kagame.
Selon les informations relevées par le média The New Times, qui s’est basé sur les données recueillies auprès de la Banque nationale du Rwanda (NBR) et du ministère rwandais des finances, durant la période allant de janvier à novembre de l’année dernière, l’exportation de minéraux par le Rwanda a atteint 683 millions de dollars américains, soit une hausse de 52% par rapport à l’année précédente.
The New Times a également révélé que les recettes générées par les exportations de minerais 3T – étain, tungstène, tentale – ont atteint les 186,3 millions de dollars américains soit une augmentation de 42% sur la même période.
Le ministère rwandais des finances a, pour sa part, attribué cette hausse dans le secteur minier, à « la stratégie d’importation de son pays puis de réexportation d’or pratiquée au Rwanda, comme en Ouganda ». De ce fait, s’appuyant en grande partie sur un réseau de plusieurs raffineries, le Rwanda a réussi en quelques années à faire de l’or son premier produit d’exportation en valeur, devant le café, qui était en première position, il y a quelques années.
A en croire, Global Witness, une organisation non gouvernementale américaine, les minerais 3T sont également concernés par cette stratégie. C’est ce qu’indiquait un rapport publié l’année dernière, selon lequel, « 90% des minerais 3T exportés par le Rwanda sont introduits illégalement depuis la République démocratique du Congo ».
Toutefois, malgré ces avancées significatives, l’or reste le principal contributeur aux recettes d’exportations du secteur minier avec des revenus de 488 millions de dollars américains, représentant un total de 70% durant la période allant de janvier à novembre 2022. Ceci représenterait une augmentation de 55% en glissement de l’année, « soutenue principalement par l’augmentation des quantités exportées, en l’occurrence 8 tonnes d’or l’année dernière, contre seulement deux tonnes en 2021 ».
Durant les 11 premiers mois de l’année 2022, avec 1,76 milliards de dollars américains, le secteur minier avait représenté près de 40% de l’ensemble d’exportation du Rwanda.
Le Rwanda, « grand bénéficiaire » des minerais congolais
Selon les différents documents des rapports des organismes des Nations unies, les 3T sont principalement les ressources les plus pillées dans la partie Est de la République démocratique du Congo.
En effet, plusieurs groupes armés s’affrontent depuis beaucoup d’années dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu – toutes situées dans l’Est du pays – où ils commettent des crimes contre la population civile afin d’exploiter illégalement les ressources naturelles. Exceptés l’étain, tungstène, tentale, d’autres matières premières dont le diamant, le cobalt, le coltan et le cuivre, sont également exploitées et pillées par les groupes armés dans l’Est du territoire congolais.
Selon les mêmes sources, les matières premières pillées en République démocratique du Congo par les groupes armés sont par la suite transférées principalement au Rwanda, mais aussi en Ouganda et Burundi, qui à leur tour, les transfèrent vers les grands marchés internationaux.
Récemment, le Réseau pour la paix au Congo, a dans un rapport, épinglé le rôle du M23 dans le maintien des certaines zones congolaises riches en or, coltan, cassitérite et cobalt; sous influence économique et militaire du régime de Kigali.
« C’est pourquoi, ces dernières semaines, le M23 a occupé plus de 100 villages dans le territoire de Rutchuru ; dans nombre d’entre eux, il a mis en place une administration parallèle à celle de l’État, nommant de nouvelles autorités locales qui lui sont fidèles et imposant des taxes illégales », décriait cette organisation dans son rapport.
Monge Junior Diama