Le bras de fer opposant la coalition le Congo n’est pas à vendre (CNPAV) et l’homme d’affaires israélien Dan Gertler – propriétaire du groupe Ventora – est désormais loin de livrer son dernier verdict.
Alors que les deux camps annonçaient en pompe, il y a quelques mois, leurs volontés respectives de se retrouver autour d’une table pour dialoguer, le Congo n’est à vendre continue d’accuser le camp Gertler de bloquer la machine, en effectuant des « manœuvres dilatoires » dans l’objectif de ne pas restituer à la RDC, entre autres ses royalties.
En effet, se confiant à MINES.CD, le porte-parole du CNPAV, Jean-Claude Mputu, a révélé que la coalition veut réellement le dialogue pour discuter avec Dan Gertler, notamment de ses actifs en RDC ainsi que pour présenter leur demande, qui est la restitution des royalties au peuple congolais. Mais seulement, la coalition affirme avoir déjà présenté à Dan Gertler une liste de 3 facilitateurs, pourtant ce dernier n’a présenté aucune liste jusqu’à ce jour.
« On ne va pas attendre indéfiniment que Monsieur Dan Gertler nous propose des facilitateurs. Par décence, bientôt nous allons mettre sur la place publique, tous les échanges avec Monsieur Dan Gertler et son équipe ce qui permettra à chacun de faire son opinion », a expliqué Jean-Claude Mputu, justifiant qu’après « avoir attendu en vain le facilitateur et la proposition d’agenda, la coalition a décidé de rendre compte à la population ».
« Dan Gertler n’a pas toujours retiré sa plainte »
De manière brève, en ce qui concerne les faits, le porte-parole du CNPAV a expliqué à MINES.CD qu’en ce qui est du procès, « Dan Gertler n’a pas toujours retiré sa plainte », et que les poursuites sont toujours présentes au tribunal. En même temps, l’affaire a été renvoyée au mois d’octobre prochain. Pourtant, dans son communiqué du 06 juillet dernier, le groupe Ventora de Dan Gertler confirmait que les poursuites judiciaires dont celle contre Jean-Claude Mputu avaient été déjà « levées ».
« Donc quelque part, il y a quelqu’un qui nous fait traîner en longueur, multipliant des prétextes, multipliant des communiqués. Pour nous, on arrive à la conclusion que, la plainte de Dan Gertler était une manipulation pour nous intimider, il a vu que l’intimidation n’a pas marché et il fait semblant de vouloir un dialogue et nous fait traîner en longueur », s’est indigné Jean-Claude Mputu.
Depuis plusieurs années maintenant, le Congo n’est pas à vendre affirme toujours « n’avoir aucun agenda caché », et que son seul agenda est de voir le peuple congolais récupère son argent que Dan Gertler a acquis « illégalement ».
« Monsieur Dan Gertler a le choix. S’il veut un dialogue, dès la semaine prochaine, on peut avoir une pré-meeting ensemble, le Congo n’est pas à vendre et les gens de Dan Gertler pour fixer un agenda, tabler sur les objectifs et choisir un facilitateur. Le Congo attend, le Congo a besoin de son argent et nous n’avons pas de temps pour ça », a vivement martelé le porte-parole de la coalition.
À ce jour, Dan Gertler a toujours affirmé que les chiffres du CNPAV sont « faux » et qu’il a acquis les royalties « légalement ». Pourtant la coalition, de son côté, affirme le contraire tout en indiquant détenir des éléments de preuve pour le prouver, et a toujours invité l’homme d’affaires israélien à une « comparaison d’éléments ».
« Si Dan Gertler veut nous montrer qu’il a raison et que le Congo n’est pas à vendre se trompe, qu’il vienne au dialogue avec les documents demandés et qu’il nous dise comment il a obtenu les actifs. On regardera ensemble aux yeux d’un facilitateur neutre. Et la population congolaise pourra dire qui a raison et qui a tort », a conclu, Jean-Claude Mputu au micro de MINES.CD.
CNPAV-Gertler, un combat sans merci
Dans un communiqué de presse publié début juillet, la coalition le Congo n’est pas à vendre réitérait ses principales inquiétudes concernant l’accord signé en février 2022, entre la République démocratique du Congo et le groupe Ventora.
Dans sa communication, cette organisation de la société civile a exprimé ses inquiétudes notamment sur la compensation financière promise par Kinshasa pour la restitution des blocs pétroliers et permis miniers « sans qu’il n’y ait des preuves indépendantes et publiques disponibles sur leur valeur, les réserves identifiées et les investissements réalisés ».
À cela s’est ajoutée, la retenue par le groupe Ventora du droit de collecter les royalties dans les projets Mutanda Mining, KCC et Metalkol estimés à plus de 250 mille euros en moyenne par jour, bien que ces droits aient été acquis de manière « opaque, frauduleuse et illégale » ; mais également le remboursement par la RDC d’un prêt dont les bénéficiaires ultimes n’ont pas été identifiés ; ainsi que l’immunité de poursuites promise par la RDC en dépit des preuves d’actes de corruption et de pots-de-vins collectées par la justice américaine.
À la suite de ce communiqué, le camp Gertler a, en réaction, adressé trois jours plus tard, un courrier à la coalition CNPAV, dans lequel, il signifiait clairement qu’il est « regrettable » que le CNPAV ait choisi de présenter comme des faits, certaines informations dans sa déclaration qui sont clairement soit une « déformation des circonstances réelles », soit « un embellissement d’une position ou de sa perception qu’il souhaite présenter», mais qui « ne reflète pas la situation réelle ».
« Nous ne pouvons pas accepter cela. Non seulement c’est trompeur, mais en plus cela suggère que votre engagement dans notre dialogue est de mauvaise foi. Parsemé d’erreurs, de contenus erronés et d’exemples flagrants de fausseté, votre communiqué de presse accuse d’abord M. Gertler d’activités passées qu’il a et continue de contester, mais vous les présentez – en termes subjectifs – comme des faits. Ce n’est pas le cas », relevait ce communiqué consulté par MINES.CD.
Gardant sa position initiale, le camp du magnat israélien, expliquait que tout comme « Dan Gertler soutient l’accord sans précédent » conclu entre Ventora et la RDC, il y a un peu plus d’un an, il reste « fidèle » à ce processus d’engagement et de dialogue avec la société civile internationale et nationale.
Monge Junior Diama