Dans le cadre de la série « Rendre au Congo ce qui est au Congo », MINES.CD s’intéresse aujourd’hui à l’accord de 2022 entre la République Démocratique du Congo (RDC) et Ventora, une société contrôlée par l’homme d’affaires israélien Dan Gertler. Ce contrat, censé permettre la récupération par l’État congolais d’une partie des actifs de Gertler, soulève de nombreuses interrogations et critiques. Le rapport récent de la coalition Congo N’est Pas à Vendre (CNPAV) en dresse un tableau sombre, dénonçant un déséquilibre aux conséquences durables.
En effet, l’accord susévoqué avec Ventora, prévoyait le rachat d’actifs de Gertler pour un montant de 240 millions d’euros. L’objectif affiché : récupérer certains actifs dans un contexte sous lequel les ressources naturelles congolaises demeurent une source cruciale de revenus pour le pays. Cependant, cet accord accorde à l’homme d’affaires israélien des avantages considérables, dépassant la simple transaction financière.
L’un des points les plus controversés de cet accord est la protection qu’il offre à Gertler contre toute poursuite judiciaire en RDC. Cette disposition, perçue par les critiques comme une forme de capitulation, empêche désormais la justice congolaise de poursuivre l’homme d’affaires pour les pratiques commerciales contestées qui ont marqué son activité dans le pays.
En plus de l’immunité, l’accord permet à Gertler de conserver des royalties lucratives sur les projets miniers clés de la RDC. Cette situation maintient l’influence du magnat sur des projets vitaux pour l’économie congolaise, même après la vente de certains de ses actifs. De surcroît, la RDC s’engage à soutenir la levée des sanctions imposées par les États-Unis à l’homme d’affaires, une condition vue comme un alignement des intérêts congolais sur ceux de l’homme d’affaires.
La coalition Congo N’est Pas à Vendre fustige cet accord, le qualifiant de « légitimation de pratiques discutables ». Elle estime que l’arrangement favorise des intérêts privés au détriment des populations congolaises, qui continuent de subir les conséquences de l’exploitation intense et peu encadrée des ressources naturelles.
Face à ce qu’elle perçoit comme un dévoiement des priorités nationales, la société civile appelle fermement le gouvernement à renégocier cet accord, afin d’en faire un pacte plus juste et plus transparent. La pression croissante vise à obtenir des termes en adéquation avec les intérêts de la RDC et de son peuple.
Cet accord controversé entre la RDC et Ventora relance le débat sur la gestion des ressources naturelles du Congo. Alors que le pays tente de recouvrer des actifs nationaux, la société civile met en garde contre des décisions qui, loin de restaurer l’équilibre économique, risquent d’ancrer durablement des intérêts privés au cœur des richesses du pays.
La Rédaction