Signé en juin 2025 sous l’égide de l’administration Trump, l’accord de paix entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) suscite de vives interrogations. Derrière la façade diplomatique, plusieurs analystes estiment qu’il s’agit moins d’une quête de paix durable que d’une recomposition stratégique des intérêts miniers dans la région.
C’est ce que révèle un rapport d’Oakland Institute, intitulé « Profiter de la paix… Qui seront les bénéficiaires de l’accord de paix en RDC ? », consulté par Mines.cd.
Le 27 juin 2025, à Kigali, cet accord a été présenté comme un tournant historique censé mettre fin à des décennies de conflits ayant coûté la vie à plus de six millions de Congolais. Mais à la lecture du rapport, le constat est amer : le texte ne répond pas aux aspirations d’une paix juste et durable, notamment pour les populations de l’Est, principales victimes de la guerre.
Une région convoitée et déstabilisée
L’Est de la RDC, riche en minerais — notamment 70 % du cobalt mondial —, reste au centre de luttes d’influence féroces. Depuis 2024, le M23, soutenu par le Rwanda selon plusieurs rapports des Nations unies, a renforcé son emprise sur des zones minières stratégiques.
D’après ces rapports, jusqu’à 90 % du coltan exporté par le Rwanda proviendrait du sol congolais, illustrant une exploitation illégale systémique des ressources sous couvert d’instabilité.
Les véritables bénéficiaires : acteurs économiques et puissances étrangères
Le document d’Oakland Institute met en évidence que les grands gagnants de cet accord ne seraient pas les populations locales, mais plutôt des acteurs économiques et financiers américains impliqués dans l’exploitation minière.
Ces intérêts, dénués de mandat humanitaire ou de vision de développement, chercheraient avant tout à sécuriser l’accès aux gisements congolais — cobalt, cuivre, coltan — cruciaux pour les industries de haute technologie et la transition énergétique mondiale.
Une paix à double tranchant
Sans un changement profond dans la gouvernance des ressources et un renforcement de la souveraineté économique congolaise, cet accord risque de légitimer une nouvelle forme d’extraction prédatrice, au détriment du développement durable et de la stabilité sociale.
En somme, derrière le discours diplomatique, l’accord de Kigali pourrait perpétuer le cycle de dépendance et de spoliation qui mine la RDC depuis des décennies. Si la paix se résume à un partage tacite des ressources entre puissances locales et étrangères, les blessures du peuple congolais resteront béantes.
La vigilance s’impose : cette paix, annoncée comme une promesse, pourrait bien n’être qu’une nouvelle illusion.
Daniel Bawuna