La conférence des Nations Unies sur le changement climatique s’est clôturée dimanche sur un engagement des pays développés à appuyer les efforts climatiques des pays en voie de développement à hauteur de 300 milliards de dollars américains (USD) par an. En République Démocratique du Congo (RDC), Jacques Mukena, Responsable gouvernance au sein d’Ebuteli, estime que cette enveloppe est « insuffisante » pour aider les pays non pollueurs à lutter contre les changements climatiques.
À Baku, en Azerbaïdjan, le nouvel accord climatique ne permet pas une nouvelle fois d’unir les pays industrialisés, grands pollueurs, avec les pays moins développés autour des financements climatiques. Les pays africains ont quitté les négociations avec un sentiment se déception pour injustice climatique, c’est le cas notamment de la RDC, qui a prôné une compensation « juste » et « équitable ».
« Il faut dire que cette enveloppe n’est pas suffisante. C’est bien en dessous de ce qui était prévu », déclare à Mines.cd Jacques Mukena d’Ebuteli, un institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence. « La RDC a besoin de 40 milliards de dollars américains par an pour ses objectifs climatiques, donc 300 milliards de dollars américains pour beaucoup de pays en voie de développement, c’est insuffisant et inadapté », a ajouté Mukena.
« La RDC peine à mobiliser les financements climatiques »
Avec ses massifs forestiers, deuxième au monde après l’Amazonie, le Congo est un « Pays-solution » face à l’épineux problème du changement climatique à l’échelle mondiale, mais les efforts de protection et de conservation de la forêt tardent à porter leurs fruits à cause de financements climatiques que le pays a du mal à capter et à mobiliser, d’après des rapports des organisations environnementales congolaises.
Pour Jacques Mukena, le Congo a ses propres problèmes internes qui l’empêchent de mobiliser les financements climatiques au niveau public ou privé. Il explique que la RDC n’a pas suffisamment de moyens pour ses actions climatiques. « Pour son propre budget, dans ce que l’on appelle la contribution nationale déterminée, le Congo n’a réservée que 2% de son budget pour les actions climatiques. Le gros du budget de l’Etat est dans d’autres priorités telles que la santé, l’éducation ainsi que la situation sécuritaire dans l’Est du pays. Donc, sur le plan interne, la RDC n’a pas suffisamment d’argent pour le mettre sur les questions climatiques ou de l’environnement », a-t-il soutenu, tout en relevant le problème externe lié à l’architecture des financements climatiques qui pose également problème.
« Une COP29 qui n’a pas répondu aux attentes »
Un récent rapport d’Ebuteli a mis en exergue les difficultés extérieures auxquelles la RDC est confrontée pour la mobilisation des financements climatiques. Dans ce document que MINES.CD a consulté, Ebuteli dénonce un paradoxe dans les financements climatiques : « Bien que la RDC soit encouragée à mobiliser ses atouts naturels tels que ses forêts et ses minerais de transition, dans la lutte contre les changements climatiques, elle reçoit en retour très peu de financements climatiques », souligne ce rapport.
Lors de cette 29 ème édition de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, la RDC poursuivait un seul objectif : la compensation juste et équitable. Malheureusement, le nouvel accord obtenu ne permettra pas à la RDC d’atteindre cet objectif concernant les crédits carbones. C’est une déception pour Mukena, qui explique que cette COP n’a pas répondu aux attentes de nombreux d’autres pays en voie de développement.
« C’est une question très complexe. Quand on parle de compensation, on ne sait pas vraiment combien la RDC devrait obtenir. C’est une question qui demande de regarder non seulement au niveau interne mais aussi surtout au niveau de financements climatiques », a-t-il martelé, tout en attirant l’attention sur les pays pollueurs qui ne respectent pas leurs engagements climatiques en terme des financements.
Saïbe Kabila