Dans les entrailles du Haut-Katanga et du Lualaba, la terre congolaise regorge le cuivre et le cobalt, ces minéraux stratégiques dont le monde a besoin pour alimenter la transition énergétique. Les batteries des voitures électriques roulent déjà grâce à ces ressources. Mais pendant ce temps, les enfants de Fungurume, de Kawama ou de Kolwezi marchent encore des kilomètres pour aller à l’école. Ou pour chercher de l’eau. Le contraste est saisissant, révoltant.
La dotation de 0,3 % minimum du chiffre d’affaires, instaurée par le Code minier de 2018, devait justement inverser cette injustice. Elle devait faire en sorte que les richesses extraites des sous-sols congolais servent enfin à construire le présent et l’avenir des populations locales. Routes, forages, centres de santé, écoles : des infrastructures vitales financées par ceux qui exploitent la terre.
Mais six ans après sa mise en œuvre, le constat est glaçant : ce mécanisme est devenu un gouffre à milliards. Les projets ne sortent pas de terre, les chiffres d’affaires sont maquillés, les structures de gestion sont inexistantes ou incompétentes, les détournements sont légion. Et l’État, censé surveiller et sanctionner, regarde ailleurs.
Ce dossier que vous venez de lire n’est pas une compilation froide de chiffres et de lois. Il est le reflet d’un scandale de gouvernance, où des hommes et des entreprises, par calcul, négligence ou avidité, volent aux Congolais plus que de l’argent : leur espoir.
Quand on détourne une dotation destinée à construire une école, ce ne sont pas seulement des fonds publics qu’on dérobe, c’est l’avenir d’une génération qu’on sacrifie. Quand l’État laisse faire, il devient complice d’un pillage institutionnalisé.
Il est encore temps d’agir. Le rapport de la Cour des comptes donne des pistes claires : contrôles croisés avec la direction générale des impôts (DGI), sanctions contre les fraudeurs, audit régulier des DOTS, renforcement des mécanismes de supervision. Encore faut-il la volonté politique de les appliquer. Et le courage d’affronter les puissances qui prospèrent dans l’ombre de l’inaction.
La République démocratique du Congo mérite mieux. Ses enfants méritent mieux. Tant que la richesse minière servira à enrichir une poignée de prédateurs – qu’ils soient locaux ou étrangers – pendant que les communautés crèvent dans la poussière, le scandale continuera.
Et notre devoir, en tant que journalistes, sera de le dire, de le documenter, encore et encore, jusqu’à ce que la honte devienne action.
Junior Ngandu | mines.cd