Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) a réagi favorablement aux sanctions imposées par l’Union Européenne (UE) contre des officiers des Rwanda Defence Force (RDF), des entités économiques rwandaises et des responsables du M23. Dans un communiqué officiel rendu public le 17 mars 2025, Kinshasa a salué cette décision, qu’elle considère comme une reconnaissance du rôle du Rwanda dans l’instabilité persistante à l’Est du pays.
Parmi les mesures adoptées, la RDC s’est particulièrement félicitée des sanctions visant l’Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz (RMB) ainsi que la raffinerie d’or de Gasabo, accusés de faciliter l’exploitation et le trafic illégal des ressources minières congolaises.
« Ces sanctions constituent une première étape importante dans la lutte contre le pillage des richesses minières de la RDC par le Rwanda », a affirmé le gouvernement congolais.
Un embargo ciblé sur les ressources pillées ?
Au-delà des sanctions actuelles, la RDC plaide pour des mesures plus strictes. Lors d’une rencontre avec le corps diplomatique accrédité en RDC, le mercredi 5 mars 2025, la Ministre d’État, Ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba, avait officiellement demandé un embargo ciblé sur certaines ressources naturelles exportées par le Rwanda.
« Nous avons, à travers le rapport du groupe d’experts des Nations-Unies et nos propres investigations, établi un lien direct entre l’exploitation des ressources naturelles en RDC et leur exportation vers le Rwanda. C’est pourquoi nous demandons un embargo sur certaines ressources rwandaises, dont l’origine est clairement congolaise », avait déclaré Thérèse Kayikwamba.
Selon elle, ces minerais pillés sont extraits dans des conditions illégales et servent à financer les groupes armés opérant dans l’Est de la RDC, contribuant ainsi à entretenir l’instabilité sécuritaire dans la région.
Une stratégie économique et diplomatique pour protéger les intérêts congolais
Face à cette situation, Kinshasa exhorte la communauté internationale à durcir ses sanctions économiques contre Kigali, notamment en empêchant la commercialisation des minerais congolais sous label rwandais sur le marché international.
Toutefois, la RDC ne réclame pas une sanction généralisée contre le Rwanda, mais un embargo ciblé, portant uniquement sur les ressources dont l’origine congolaise est avérée.
Cette démarche vise à : tarir les sources de financement des groupes armés ; réduire l’impact économique du commerce illicite sur la RDC ; ainsi que protéger la souveraineté et les intérêts économiques du pays.
Alors que les tensions restent vives entre Kinshasa et Kigali, la pression diplomatique s’intensifie. Ces sanctions marquent une escalade diplomatique majeure entre l’UE et le Rwanda et viennent renforcer la position de la RDC, qui plaide depuis plusieurs années pour une plus grande implication de la communauté internationale dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles et l’insécurité dans l’Est du pays.
Junior Ngandu