À 90 kilomètres de la ville de Lubumbashi, Pumpe, une mine artisanale dans la chefferie de Kembe, voit des dizaines de creuseurs extraire le cuivre et le cobalt dans ses puits creusés à main nue avec un outillage à la hauteur des efforts consentis.
Des creuseurs sans casques, sans gants, sans bottes et parfois sans outils adéquats bravent les profondeurs cherchant les matières premières dans le sous sol congolais qu’ils doivent vendre à « des prix cassés » dans les maisons de négoces detenues pour la plupart par des expatriés chinois.
Dans cette mine, les creuseurs travaillent dans des conditions risquées pour un salaire ne couvrant que le strict minimum : « il y a un problème des pourcentages qui fait en sorte que les creuseurs n’obtiennent pas des revenus à la hauteur de leur travail », a fait savoir un responsable local joint par MINES.CD.
Selon les révélations recueillies, un creuseur perd jusqu’à 80% de ses revenus tirés de sa production, en raison d’un système d’exploitation qui profite aux sponsors, négociants, services gérant la mine et les maisons de négoces.
Un système de profit
Alors que la production est revue à la baisse dans ce site minier, les creuseurs ont déclaré « vivre dans une précarité sociale » entretenue par un système d’exploitation profitant à ceux qui ne produisent pas les minerais.
« Nous n’arrivons pas à mieux vivre de notre travail […] Nous-mêmes, nous n’en profitons pas de notre production, ce sont les autres qui en tirent le gros bénéfice », déplore André, un creuseur entrant dans un puit avec son équipe afin de faire monter les sacs remplis des « produits » [ndlr. minerais de cuivre] à vendre aux négociants.
En effet, avant la production, un creuseur et son équipe ont besoin de fonds qui doivent couvrir quelques besoins sociaux. Ces fonds sont disponibilisés, le plus souvent, par un sponsor sous forme d’ « emprunt » à rembourser lors de la production. « C’est la coopérative qui doit normalement prendre en charge ceci dans son volet social. Ce que nous remarquons ici, c’est qu’elle ne fait pas son travail », a révélé un responsable dans ce site minier.
Lors de la production, le creuseur doit des comptes à plusieurs personnes. D’abord à la coopérative, qui retranche 20% de la production d’un creuseur, au sponsor, qui doit reprendre les dépenses effectuées ; Ensuite, aux services de l’État travaillant dans ce site minier.
« Cela fait en sorte que sur les 100% de notre production, nous profitons que de 20%, le reste est partagé entre toutes ces personnes », révèle Cédric, un autre creuseur.
Ces propos sont confirmés par un responsable local, qui a requis l’anonymat, indique que face aux charges sociales des creuseurs artisanaux, ces revenus bas les entraînent dans une pauvreté : « Ils vivent dans un campement ici, parfois avec des femmes et des enfants. Vu qu’il y a une mine qui produit, la vie dans ce campement est chère. Ils doivent manger, s’habiller et vivre, ce qui ne leur facilite pas la tâche ».