Le cuivre et le cobalt, des minerais stratégiques de la République démocratique du Congo, sont extraits dans des conditions à haut risque à Pumpe – dans la province du Haut-Katanga – alors que la coopérative « ne prend pas ses responsabilités », selon le comité local des creuseurs.
Pumpe est un site minier artisanal, situé dans la chefferie de Kembe, secteur de Lufira à près de 90 kilomètres de la ville de Lubumbashi. La richesse en minerais de cette région explique la présence grandissante d’une dizaine de mines artisanales et semi-industrielles dans lesquelles le cuivre et le cobalt sont extraits.
Cependant, joint par MINES.CD, le comité local des creuseurs a révélé que les activités minières ne « profitent pas à la population locale », ce qui met en cause la coopérative – structures ou responsables des sites miniers – à Pumpe : « elle ne fait pas son travail, mais elle coupe 20% de la production de chaque creuseur » a indiqué un creuseur artisanal travaillant dans ce site depuis 2021.
« La coopérative est censée s’occuper de l’assistance sociale des creuseurs artisanaux dans ce site minier, notamment dans l’achat des équipements de forage des puits, la construction des centres hospitaliers ou encore des écoles, mais rien de tout ça n’est fait […] cette situation plonge les creuseurs dans une précarité sociale », a déclaré un responsable local.
Une exploitation artisanale sous haute tension
Des bâches de couleur orange étalées sur des branches d’arbres formant une maisonnette, abritent une vingtaine de puits de cuivre dans le bassin de Pumpe. Ces puits, atteignant une profondeur de 25 à 30 mètres, sont creusés à main nue avec barre des mines, bêche, pointeaux ou encore masse de 5 à 10 kilogrammes, cela sans équipement approprié.
En pleine saison de pluie, les creuseurs artisanaux travaillent sous haute tension avec des risques d’éboulement : « Nous descendons dans des puits qui sont là depuis l’année passée. Ils ne sont plus en bonne et due forme. On a essayé de construire dedans mais avec les pluies qui tombent, ça représente des dangers. Il y a des puits qui se sont déjà affaissés parce qu’ils n’ont plus de support », a indiqué Reagan, un autre creuseur, transportant un sac de minerais prêts à être expédiés.
« Les consignes d’équipement recommandés ne sont pas suivis par les creuseurs en raison d’une autre réalité que le sous sol présente », a fait savoir un responsable du Service d’assistance et d’encadrement des mines artisanales et à petite échelle (SAEMAPE) qui s’occupe de l’encadrement technique des creuseurs et des conditions d’exploitation et de suivi de flux minier de la production artisanale.
Ce service, affilié au ministère national des Mines, est seul habilité à fermer ou à permettre l’exploitation dans une mine artisanale en cas de danger ou de non respect des consignes.
« Sur le côté technique, ils font bien leur travail. Ils nous donnent une meilleure orientation après inspection des puits et nous permet de bien travailler […] le seul problème, reste la coopérative qui ne prend rien en charge », a déclaré Gaby, un autre creuseur artisanal.
Des dangers
À Pumpe, les creuseurs artisanaux sont exposés à plusieurs dangers dans l’exercice de leur travail dont ils soutiennent « ne pas en bénéficier à 100% », en raison d’un système d’exploitation qui le plonge dans une précarité sociale.
Selon un responsable local du SAEMAPE, les creuseurs sont voué à des risques d’éboulement – qui peuvent entraîner la mort-, des accidents sous terre ou encore des maladies pulmonaires suite à la respiration des poussières minérales.
« Sur le plan social, la coopérative, qui est le responsable direct des creuseurs, ne fait pas aucun effort pour aider les creuseurs à mieux exercer […] nous sommes obligés de nous prendre nous-mêmes en charge alors que la coopérative prend ses pourcentages sans rien faire », a révélé le comité local des creuseurs.
Dans les mines artisanales du Haut-Katanga, les creuseurs exercent un travail à risque sans une prise en charge plus ou moins normale de la part des coopératives qui n’aident pas les creuseurs à vivre « correctement de leur métier ».
« C’est une situation qui mérite une attention particulière de la part des autorités gouvernementales », ont insisté certains creuseurs dans ce site minier.