De nouvelles révélations secouent le secteur minier artisanal dans la province du Haut-Uele. Selon un mémo adressé au Président de la République Félix Tshisekedi par plusieurs plateformes et organisations de la société civile, des exploitants chinois opéreraient illégalement dans les territoires de Watsa et Faradje, causant un pillage massif de l’or et une dégradation inquiétante de l’environnement.
Des pratiques illégales dénoncées

D’après la société civile locale, ces opérateurs mèneraient des activités minières non autorisées sur plusieurs sites, notamment Abinva, Makoro et Logo Doka (Faradje), ainsi que Beverendi et Moku (watsa), pourtant couverts par les permis miniers de SOKIMO SA et Kibali Goldmine.
Outre le pillage de l’or échappant à tout contrôle de l’État, des cas de pollution des rivières au mercure et cyanure, de déforestation et de déplacements forcés des populations ont été signalés.
Le mémo fait également état d’un système de corruption mis en place sous l’ancien gouverneur Christophe Naanga, qui aurait exigé des « pas de porte » de 300 000 USD à chaque opérateur chinois, en plus d’une quote-part sur la production destinée à l’exportation.
Des conséquences multiples

Les organisations pointent une série d’impacts graves :
Pillage et fraude : production non tracée et absence de paiement des taxes à l’État ;
Destruction écologique : pollution des rivières et absence de réhabilitation des sites ;
Insécurité : infiltration de milices, d’artisans illégaux et présence irrégulière des forces de l’ordre sur les sites ;
Climat social délétère : insécurité dans les villages environnants (Moku, Watsa, Durba).
Selon le mémo, cette situation profite à des réseaux mafieux nationaux et internationaux, à des opérateurs chinois convertis en exploitants artisanaux illégaux, ainsi qu’à certains parrains au sein de services publics complices.
Les pistes de solutions proposées

Pour inverser la tendance, la société civile recommande notamment :
- Une enquête conjointe urgente (État – Société civile) pour identifier les responsabilités et sanctionner les fraudeurs ;
- Un contrôle renforcé des exportations d’or dans le Haut-Uele et l’Ituri ;
- Une attribution responsable des permis miniers, confiés à des opérateurs expérimentés ;
- La création de comptoirs d’achat officiels financés par la BCC ou le FOMIN, afin de capter l’or issu de la fraude ;
- La protection et la sécurisation des permis existants, tout en promouvant des projets agro-pastoraux pour diversifier l’économie locale.
Un appel à l’action
Les organisations exigent enfin l’expulsion des exploitants illégaux, l’ouverture d’une enquête indépendante et le renforcement des mécanismes de traçabilité et de contrôle dans la filière aurifère.
Elles appellent le gouvernement congolais à agir rapidement pour préserver les ressources naturelles au profit des communautés locales et de l’État, plutôt que de laisser prospérer un système de pillage organisé.
Daniel Bawuna