Alors qu’ils multiplient des prises de parole pour dénoncer l’insécurité en Ituri, plusieurs députés nationaux et provinciaux seraient eux-mêmes impliqués dans l’exploitation illicite de l’or dans le territoire de Djugu, sous contrôle des milices CODECO.
Ces révélations proviennent du dernier rapport des experts de l’ONU, publié en juillet 2025.
Des députés au cœur de la contrebande aurifère
Le rapport s’appuie notamment sur un enregistrement audio authentifié en janvier 2025, dans lequel les députés provinciaux Joachim Kambale Ngendu et Jean Batchu Ngbadhe reconnaissent exploiter des sites miniers mécanisés illégaux dans la chefferie de Banyali Kilo.
Le document cite également le député national Floribert Ngabu, accusé de contrebande minière.
Toujours selon les experts, d’autres élus seraient concernés, dont : Serge Lonema Mbukana, Djokaba Lambi Bede, Jean Paul Ngabu Tchunde et Floribert Ngabu Njabu.
L’enregistrement mentionne que chacun de ces élus versait 10 000 dollars par mois à la CODECO/URDPC, en échange de la protection de leurs activités. Des sources indépendantes ont corroboré ces informations.
Une complicité passible de sanctions
Pour les experts onusiens, ces paiements aux groupes armés constituent des faits graves, passibles de sanctions internationales.
« Avec tous les avantages dont bénéficient les députés, est-ce que c’est sérieux qu’ils s’impliquent dans une contrebande qui dépouille l’État et finance des groupes armés ? », s’indigne un défenseur des droits humains local, qui appelle à l’invalidation des mandats de ces élus pour haute trahison.
L’or, nerf de la guerre en Ituri
Le rapport souligne aussi que le commandant de la CODECO, Samuel “Kadogo”, a instauré un système de paiements discriminatoires :
17 000 dollars exigés aux exploitants lendu,
30 000 dollars aux non-Lendu.
Un négociant basé à Nzebi, surnommé « Tchenji », est cité comme principal acheteur de l’or provenant de Mongwalu et Nzebi, tous deux contrôlés par la milice.
Les héritiers du défunt négociant Exodus Adelard continuent également d’alimenter le commerce clandestin à travers un comptoir illégal à Bunia.
Ces révélations ravivent les appels de la société civile et des acteurs locaux à une action judiciaire et parlementaire rapide.
« C’est une haute trahison. Les députés doivent être respectueux des textes qu’ils votent. Le code minier interdit formellement ce type de pratiques », a rappelé une source locale.
Azarias Mokonzi