Dans son rapport annuel rendu public lundi 07 mars, la société londonienne de négoce spécialisée Darton Commodities a révélé que le marché du cobalt a connu sa plus forte augmentation de l’offre en 2022, suite à « l’explosion » de la production en RDC et en Indonésie, de ce métal extrêmement important pour la production des batteries.
A en croire les informations statistiques fournies par Darton Commodities, l’année dernière, l’offre de cobalt extrait a connu une augmentation de 23% atteignant ainsi les 187.060 tonnes, dans « une hausse de l’offre qui a effacé un important déficit observé en 2021 » et laissé le marché dans l’un de ses plus gros excédents jamais enregistrés à la fin de l’année.
« La poussée a été entraînée par des augmentations en RDC – qui représente environ 75% de l’offre mondiale – ainsi qu’en Indonésie, une puissance émergente sur le marché petit mais en croissance rapide », a expliqué la même source.
Comme rapporté par Bloomberg, la vague d’offre a coïncidé avec un net ralentissement de la demande du secteur de l’électronique, qui est actuellement en rivalité avec l’industrie des véhicules électriques comme le plus gros consommateur de métal pour batteries.
Et alors que la hausse des ventes de véhicules électriques a contribué à alimenter une forte hausse des prix au début de l’année dernière, le cobalt a depuis chuté de plus de 60 % par rapport à son pic qu’il a connu en juin 2022.
Sous-produit de l’extraction du cuivre et du nickel, le cobalt a causé de « fréquents maux de tête » aux constructeurs automobiles lors d’épisodes antérieurs de sous-approvisionnement, mais également des inquiétudes grandissantes relatives aux conditions de travail dangereuses dans le secteur minier informel en RDC.
« Alors que les mineurs industriels à grande échelle ont représenté l’essentiel de l’augmentation de l’offre l’année dernière, la production des soi-disant mineurs artisanaux a également fortement augmenté lors de la flambée des prix au début de l’année » a indiqué Darton Commodities dans son rapport.
Le même rapport révélé également que la production minière mondiale a augmenté de 42 % entre 2020 et 2022 dans le cadre de l’assouplissement des contraintes de la chaîne d’approvisionnement liées à Covid-19, de la montée en puissance des opérations existantes et de la mise en service de plusieurs nouvelles mines.
En 2022, Glencore était de loin le plus grand producteur de minerai au monde, principalement à partir de ses deux opérations sur le territoire congolais. Eurasian Resources Group et le groupe chinois CMOC, qui ont également de grandes opérations en RDC, ont suivi la société suisse en tant que plus gros producteurs. La même année, 44% de l’approvisionnement minier mondial était détenu ou contrôlé par des entreprises chinoises, qui représentent également 78% de la production de cobalt raffiné.
A titre rappel, en février dernier, Bloomberg rapportait que le marché du cobalt se préparait à un autre choc d’approvisionnement potentiel à court terme, CMOC cherchant à résoudre un différend avec son partenaire public congolais qui lui permettrait d’exporter un énorme stock d’hydroxyde de cobalt semi-raffiné de sa mine de Tenke Fungurume.
Alors que ses exportations ont été bloquées à la mi-juillet 2022, CMOC a maintenu la mine en fonctionnement presque à pleine capacité, stockant simplement le métal supplémentaire jusqu’à ce qu’elle puisse reprendre les expéditions, rapportait pour sa part MINES.CD.
« Alors que le complexe de cobalt au sens large a subi une correction massive en 2022 dans un contexte de fortes augmentations de l’offre et de nombreux reculs de la demande, des pousses vertes commencent à apparaître » a renseigné Darton Commodities.
Cependant, la même source affirme que « l’impasse » entre CMOC et Gécamines dans le différend sur le paiement des redevances reste un joker et a le potentiel de faire basculer radicalement le marché de l’hydroxyde de cobalt dans un sens ou dans l’autre.
Monge Junior Diama