Un nouveau rapport de l’organisation canadienne non-gouvernementale, Impact Transforming Natural Resources Management, a révélé que la population vivant dans la partie sud du territoire congolais devient de plus en plus dépendante des revenus issus de l’exploitation artisanale des minerais.
Selon ce rapport consulté par MINES.CD, la grande partie de familles de cette partie de la République démocratique du Congo, vivent exclusivement des revenus générés par leurs enfants travaillant dans les mines de cobalt.
« Les femmes ont tendance à se tourner vers l’exploitation minière artisanale du cobalt car c’est le travail le plus rémunérateur de la région, il rapporte entre 2,15 et 8,60 dollars par jour en espèces et ne nécessite aucun investissement, peu de formation ou de compétences », a épinglé le rapport d’Impact Transforming Natural Resources Management, tout en indiquant que « l’inégalité prévaut sur les sites miniers et les femmes ont tendance à assumer les rôles les moins rémunérés », à l’exemple du lavage des minerais.
Ces femmes qui affluent dans les différents sites miniers sont également plus susceptibles d’être trompées sur le prix lors de la vente de leurs minerais ou même empêchées d’accéder à certains sites miniers sous la croyance stigmatique que « leur présence leur apporterait une mauvaise fortune ».
Seulement 2,50 USD de revenus perçus par jour
Un rapport d’Amnesty International mentionne qu’environ 40 000 jeunes garçons et filles travaillaient dans des sites miniers de cuivre et surtout de cobalt dans le sud de la République démocratique du Congo en 2014. Ce nombre devrait cependant avoir augmenté à mesure que la production de voitures électriques se développait dans le monde.
Les enfants qui travaillent dans les mines de cobalt au Congo gagnent jusqu’à 2,50 dollars américains par jour. Ils donnent généralement leurs revenus à leurs mères qui les utilisent pour les besoins ménagers de base et les frais de scolarité.
« Les enfants travaillent lorsque les familles sont désespérées, ce qui les oblige à dépendre des revenus du travail des enfants pour couvrir les besoins de base comme la nourriture, les vêtements ou les frais de scolarité », a indiqué le rapport, qui a estimé que le salaire vital dans la région se situe autour de 15,78 dollars américains par jour.
À cet effet, les différents foyers ont du mal à joindre les deux bouts du mois. Par conséquent, les enfants sont encouragés à intervenir pour aider leurs parents.
« Les femmes comprennent que les enfants ne sont pas autorisés à travailler dans les sites miniers, mais ne voient aucune autre alternative pour leur survie. Les enfants contournent les interdictions du travail des enfants en se déplaçant entre les sites miniers, en ajustant leurs heures de travail et en payant des frais d’accès informels. », a expliqué la même source.
Les enfants, une main d’œuvre bon marché
Les enquêtes menées sur terrain par l’ONG canadienne ont clairement révélé qu’il existe une ambivalence en ce qui concerne l’interdiction d’accès aux enfants sur les sites miniers, « nombre d’entre eux étant de connivence pour leur propre bénéfice », car les enfants sont considérées comme « une main-d’œuvre bon marché ».
« Des femmes ont raconté comment certains agents de sécurité ou du gouvernement ont fermé les yeux, tandis que d’autres ont exigé un paiement ou les ont menacées, ainsi que leurs enfants, de peines de prison et de lourdes amendes si elles ne payaient pas un droit d’accès officiel […] Les enfants organisent leur travail en fonction des heures des agents de sécurité, ils connaissent leur emplacement et ont des signaux pour alerter les uns les autres ou alerter leur famille», a affirmé le susdit rapport.
Autre fait capital épinglé par les chercheurs de l’ONG Impact Transforming Natural Resources Management, est qu’il a été constaté un afflux d’enfants pendant la saison des pluies lorsque le cobalt est à la surface et facile à collecter, ainsi que pendant les vacances scolaires – ou même avant et après les heures de classe.
Malgré la volonté du gouvernement congolais d’appliquer de manière effective la gratuité de l’enseignement sur l’ensemble du territoire national, dans ce coin de la République, les parents doivent payer environ 35 dollars américains par an pour couvrir les salaires des enseignants et les frais de fonctionnement de l’école. N’ayant pas suffisamment des moyens et ne pouvant laisser seuls leurs jeunes enfants à la maison, les parents sont contraints d’amener leurs enfants sur les sites miniers.
« Augmenter les revenus des principaux soutiens de famille »
Comme pistes de solution, l’organisation canadienne non-gouvernementale, Impact Transforming Natural Resources Management, a expliqué que « le problème ne consiste pas simplement à interdire aux enfants d’accéder aux sites miniers », car s’ils minent par désespoir et par faim, et qu’ils sont encouragés à le faire par leur famille, « ils continueront à devoir travailler ».
« Si l’argent que gagnent les enfants sert à couvrir les besoins familiaux comme la nourriture, alors nous devons augmenter les revenus des principaux soutiens de famille, les femmes. Pour ce faire, nous devons accroître leur sécurité globale et veiller à ce qu’ils participent à la direction de leurs communautés », a-t-elle vivement martelé.
De l’avis des auteurs de ce rapport, les femmes travaillant dans les sites miniers de cobalt ont également besoin : d’aide pour acquérir les compétences ; les outils nécessaires pour assumer des rôles mieux rémunérés ; d’un soutien pour une tarification équitable ; des mesures de santé et de sécurité ainsi que des économies communautaires.
Pour rappel, la République démocratique du Congo est connue pour son extraction de cobalt estimée à environ 70 % du cobalt mondial extraits. Cependant, entre 15 et 30 % de ce métal provient de mines informelles ou artisanales. Le commerce de cobalt était jadis lié à la violence, à la toxicomanie et à l’insécurité alimentaire et hydrique.
Monge Junior Diama